Tour de la Mer Noire

30 novembre 2013, un mois déjà que je suis rentré. Dans la tête, je voyage encore !

Ce road trip, c’est :

22 jours de voyage

10510 Km parcourus

Une moyenne de 74 km/h

570,69 litres d’essence

850 € dépensé (hors révision BMW Istambul)

887 Photos

350 Go de fichiers video

2 Chutes

Une multitude de rencontres et des souvenirs infinis…

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Préambule :

Un an que j’ai cette GS après 15 longues années sans moto. Une première expérience de voyage moto en Tunisie (octobre 2012) et me voilà plein d’envies dans la tête !

Un hiver à lire sur la toile des récits de voyages les plus incroyables, et un coup de cœur pour un blog où un jeune motard raconte son tour de la mer noire.

J’approfondi le sujet, tombe sur d’autres récits  sur la région : OK, j’y vais !

Petite prépa de la moto, le visa Russe, un billet d’avion pour ma femme qui me rejoindra en Géorgie, le matos de bivouac dans les valises et Gaz…

Nous sommes le 6 Septembre. Me voilà parti tard le soir par le col du Mont Cenis, la moto bien chargée à me dire que cette fois ci, je pousse un peu plus loin que Suze ! La neige est annoncée en fin de nuit et ce départ précipité sera juste pour éviter ce désagrément.

Premier bivouac près de Turin, jeté au fond du duvet pour quelques heures : l’Aventure commence !

Puis route vers Ancône pour attraper un ferry vers la Grèce, je veux minimiser les bornes pour rejoindre la Turquie et j’ai deux impératif : je dois être à Tbilissi dans une semaine et j’ai un rdv chez BM à Istanbul pour la révision des 20000.

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7/09  –  Un ferry pour la Grèce

600 Bornes d’autoroute : c’est moche et je m’ennuie. Cela me demande beaucoup d’attention. à chaque arrêt dans une aire de repos, je me bat avec une foule d’Italiens pour un café ou un panini. C’est dingue le monde qui roule dans cette direction. En début d’après midi, j’arrive enfin sur Ancône et je suis épuisé. Ça commence bien !

Me voilà dans le bateau, je peux enfin souffler et ouvrir la carte de Turquie. Comme à mon habitude, je n’ai pas vraiment planifié. Je vois au fur et à mesure suivant les rencontres, la météo, l’humeur du jour.

Wahou ! C’est super grand la Turquie… mais je ne veux plus prendre d’autoroutes, c’est trop galère.

Je décide de privilégier les petits axes, j’affinerai le trajet au fur et à mesure.

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8/09  –  Les joies du bivouac

Arrivée très matinale à Igumenitsa, la nuit fut courte mais bonne. J’ai investi le pont supérieur. Discussions sans fin avec des étudiants, eux avaient carrément posé la tente sur le pont !

Je débarque ainsi que deux motards Autrichiens qui vont à Istanbul. Ils me proposent de me joindre à eux, je n’en ferai rien. Je suis parti seul et je veux le rester. Faire mes choix quand je veux et n’être dépendant de personne. De toutes façons, rouler en groupe, je n’y arrive pas. Cela fini toujours en arsouille, je ne suis pas là pour ça.

Je choisi la nationale qui passe au nord à travers la montagne et boude l’autoroute qui me tend les bras.

C’est parti ! Des courbes et encore des courbes, de superbes paysages, un rythme cool qui permet d’apprécier. Une pause café ici, deux photos par là… trop bien !

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Je retrouve des coins que j’ai fréquenté autrefois, toujours aussi attachante cette montagne Greque. La moyenne est faible mais qu’importe j’ai le temps. J’ai rendez vous après demain à Istanbul pour ma révision et 900 bornes à faire : no stress.

J’évite les gros axes, privilégie les petites routes surlignées en vert, en général ça fonctionne.

Passage au nord de Ioánnina et de sa charmante petite île, souvenirs d’une balade en famille quelques années plus tôt.

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Puis les stations de ski au nord de Métsovo, des  routes improbables au milieu des montagnes.

Ici, un panneau inconnu mais suffisamment explicite au détour d’un virage.

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J’avance bon train et ce type de terrain est beaucoup moins fatiguant que l’autoroute.

La fin de journée approche, j’ai dépassé Thessaloniki depuis longtemps  je décide de chercher un coin pour la nuit.

Rencontre avec Sacha au bord de la route alors que je suis en train d’étudier ma carte et le GPS. C’est un Bulgare bien imbibé qui fait désespérément du stop pour rentrer sur Sofia. Malheureusement, il y a peu de trafic sur cette petite route qui longe la côte. Echange de prénoms, il m’explique d’ou il vient (en bulgare !) on n’a aucune langue commune mais on se comprend. Sacha m’indique un spot plus loin avec des sources chaudes. Accolades chaleureuses et je file voir cela de plus près.

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Je me retrouve au fond d’une vallée dans un site de thermes abandonné, l’endroit est un peu glauque. Des grecs arrivent juste après et me rassurent sur la fréquentabilité du site.

Ils m’indiquent la source et nous voilà partis pour un bain à 40°C dans une petite vasque digne d’un hot pot d’Islande : après 600 bornes de route, c’est le rêve !

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Retour le long de la côte, pour rejoindre un bord de plage repéré en passant. Bivouac trois étoiles même si un homme passe par là pour me faire des propositions douteuses

– désolé mon gars c’est pas mon truc mais si tu peut m’aider à pousser un peu la moto qui est tancée dans le sable, c’est top !

Il s’exécute, me dit au revoir et part chercher l’âme sœur plus loin …

Ce soir, je m’écroule au fond du duvet des images plein la tête et le fessier légèrement contracté.

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9/09  –  Istambul, me voilà !

Réveil matinal, je décide de me caler sur le soleil plutôt que sur la montre. Les journées sont courtes, j’ai du chemin à faire et la lumière est tellement belle le matin.

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Le p’tit dèj englouti, je repars le long de la côte et profite de la lumière pour faire des images vidéo. Ça prend beaucoup de temps mais je sais que je ne le regretterais pas au retour.

Je rejoins Kaválla, joli port et ville traversée par un immense viaduc romain.

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Puis trempette dans la mer près d’Alexandroúpolis. Arrêt Pita dans une petite gargote, l’occasion de prendre quelques nouvelles sur Skype. On ne voyage plus pareil depuis Internet. Ça enlève une part d’aventure mais c’est confortable pour tout le monde.  Je rencontre un jeune couple qui voyage sur une antique DR 600. Lui vient d’Espagne, elle est Grecque. Ils filent en Turquie pour visiter la Cappadoce, nous irons jusqu’à la frontière ensemble.

Passage en Turquie où je croise les deux Autrichiens du ferry et un groupe de motard Espagnols qui vont à İstanbul. L’occasion de discuter moto pendant l’attente.

Me voilà sur l’autoroute impossible à éviter jusqu’à Istanbul. Entrée dans la Mégapole après 30 kms de bouchons. Je suis régulièrement obligé d’arrêter la moto qui commence à chauffer : la ville ce n’est pas fait pour elle !

Je roule côte à côte avec des mariés qui me félicitent pour ma moto et j’ai droit à de nombreux coups de klaxon avec pouce levé des conducteurs. C’est vrai qu’elle à une belle robe cette GS rallye…

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arrivé à la tombée de la nuit au centre ville après m’être égaré en suivant un bus touristique qui me conduit devant la mosquée St Sophie en pleine rue piétonne ! Se retrouver au milieu de la foule, tous les yeux braqués sur moi me met vite mal à l’aise. Demi-tour hasardeux (ne pas tomber, ne pas tomber…) c’est con comme on peut se mettre la pression dès qu’il y a du public !

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Je rejoins une petite pension près de la mosquée bleue, une entorse à mon programme ”bivouac only” mais demain matin, je doit poser la moto chez BMW, et dormir en bivouac autour d’Istanbul me semble impossible tellement cette ville s’étend. L’occasion de faire un peu de tourisme dans cette belle ville, nostalgie de mon premier voyage en couple, l’été 1987 à bord d’une 4L…

Depuis j’y suis retourné plusieurs fois et la dernière, j’avais bloqué sur deux GS d’allemands garés au centre ville en me disant qu’il fallait être un peu barré pour venir jusqu’ici en bécane…

Ce soir, le motard barré c’est moi et quesque je suis heureux d’être là !

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10/09   –  BMW Istanbul ne connais pas la crise…

Après une excellente nuit (je reconnais ici lâchement qu’un bon lit et une bonne douche c’est vachement bien !!!) je pars faire la révision des 20 000 à Istinye chez BMW.

20 bornes au nord, une heure pour y aller : je suis large ! Dilek, le chef mécano m’attend pour 8h30, il m’a promis la moto avant midi. C’était sans compter sur les gigantesques embouteillages qui règnent dans cette ville. Rouler ici est une plaie et je n’envie pas du tout les Istanbuliotes (pas sûr du mot, là…) il me faudra deux bonnes heures pour rejoindre la concession ! deux heures à serrer les fesses, à essayer de me faufiler avec mon cul de pachyderme, en nage sous le casque, à vociférer envers le Turc sournois qui profite de ma moindre hésitation pour me griller la place… la pire épreuve du voyage ! Moi qui ne suis pas à l’aise en ville, j’ai du perdre 5 kilos ce matin là !

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Le pire…arrivé à Istinye, le gis qui ne connaît pas l’adresse et me dépose sur un petit port (charmant, d’ailleurs) ou personne ne semble connaître l’existence de BMW ! Renseignements pris (dans un turc parfait) auprès d’un garde, c’est pas ici, j’ai du me tromper.

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Je suis vert, au bord de la dépression, quand un coup de klaxon ridicule (une GS, quoi !) me sort de mon désarroi : un motard me fait signe de le suivre et m’emmène en trois minutes dans la plus grande concession que j’ai jamais vu !

Il va falloir que j’apprenne les rudiments de la langue car c’est pas gagné dans ce pays.

Dilek m’accueille avec un grand sourire (sur le coup je n’ai pas remarqué les dents en or massif que je vais en partie lui sponsoriser), je me confonds en excuses, pas de problèmes, il m’a gardé la place et me promet la moto pour 15h30. En plus de la révision, il doit changer les plaquettes arrière, monter le pneu avant et virer tout le joyeux bordel sur la moto.

Pour la petite histoire, avant de partir j’ai pris contact avec ma concession pour faire cette fameuse révision mais bien trop tard, planning booké jusqu’à fin septembre ! idem pour les départements alentours. A 3000 bornes de la révision cela à bien failli me coûter le voyage !

Heureusement, Istanbul a été très réactif et m’a proposé une date au mieux.

Bref, pendant que la moto se refait une santé, j’en profite pour me baffrer près du petit port. Le rythme que je m’impose me laisse peu de temps et bien entendu je ne trouve jamais de resto quand c’est l’heure de manger…

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Une connexion internet dans un luxueux salon me permet de passer quelques heures sur Skype et la boite mail à converser avec ma femme et les amis. C’est toujours bon de prendre des nouvelles. Elle n’est pas inquiète, ma balise Spot lui permet de suivre mon trip et j’émet un ”OK” au bivouac avant de l’éteindre, elle n’a pas besoin de plus.

15h29, je suis au garde à vous devant la concession, Dilek me dit que c’est bon MAIS, il y à un problème ! Aïe… je crains le pire. Il sort son Iphone (dernière génération, co-sponsorisé par moi-même !) et me fait défiler des photos de l’intérieur du pneu avant avec ses magnifiques billes multicolores de pistolet. (Système pompé sur le net pour l’équilibrage de mon pneu et ça marche !)

Les fameuses billes trônent en trophées dans un verre à thé sur une étagère au dessus de son bureau. Il attend des explications que je peine à lui donner, mon anglais étant trop limité pour me lancer dans l’explication des avantages de l’équilibrage dynamique à l ‘aide de microbilles (déjà que j’ai du mal en français !)

Il me regarde et son regard en dit long : no comment.

C’est l’heure de la douloureuse qui porte ici tout son sens. Ce scélérat gentil concessionnaire me délestera de 630 €

Wouhaouu ! J’avait lu que c’était cher, mais dans un pays où manger au resto te revient entre 5€ et 10€ , ça pique un peu quand même !

Je m’en vais le cœur (et le porte monnaie) léger, la moto est prête à affronter la suite du périple. Il reste quelques heures de jour, je choisi de passer le Bosphore par le pont, et de trouver un coin coté asiatique.

La ville est encore plus grande de l’autre coté et ce n’est que tard dans la nuit que je trouve un champ et pose la moto à coté d’un puits.

Cette cité m’a épuisé autant qu’elle m’enchante : qu’on ne me parle plus de ville pour le moment, je vais m’efforcer de toutes les contourner d’ici la Géorgie !

11/09  –   Anatolie, enfin seul !

Réveil très (trop !) matinal, je plie et je pars. le spot est un poil pourri, je roule un peu et je mangerai plus tard. Une heure passée, je débouche au dessus du lac d’Iznik la région est magnifique et la lumière hallucinante.

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J’en profite pour me poser au bord de l’eau et préparer le petit dèj. L’occasion de faire quelques photos le temps que les poivrons, fraichement cueillis quelques mètres plus loin sur l’invitation d’un Turc, finissent de rissoler.

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En observant la carte, je choisi de traverser cap sud-est vers la Cappadoce puis les Taurus, la Syrie, et le lac Van. Ça à l’air bien. Je me trace un parcours pour la journée, bataille avec le gps qui ne veut rien entendre : pour lui, il faut passer par les grandes villes. Me voilà à lui programmer des sauts de puce pour suivre MA route. La sienne, je n’en veux pas !

J’enchaîne les petites routes, de temps en temps une nationale (2×2 voies chez eux). Je prends beaucoup de plaisir à rouler ici. C’est très sauvage, une route sur deux est une piste et la circulation est nulle ! Je suis très excité de rouler enfin sur ce type de terrain, j’envoie du gros, un immense panache de poussière dans le rétro, une grosse banane derrière le casque, même pas peur… Un long travers me ramène à la réalité, je passe in extremis la sortie d’une courbe, ça passe à un poil, j’ai manqué de m’en mettre une bien grosse… Stop ! Je reprend mes esprits, fait un bon pipi, j’ai eu chaud !

Ca à du bon, je suis vacciné pour la suite et c’est en mode  “j’me la traîne“ que je reprend la piste.

Des cultures à perte de vue comme décor, quelques maisons de temps en temps. Toujours un bonjour de la main, un appel de phare ou un coup de klaxon quand je croise quelqu’un. Ça fait chaud au cœur…

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Je casse la croûte dans une petite ville (pas le choix des fois). Les 3 tables du restaurant dréssés dehors sont occupées, rien à l’intérieur. Un Turc m’invite à sa table, il bourre ses copains pour me faire une place et prend le soin de me commander le repas. Me voilà avec 4 espèces de pizzas (Lahmacun) devant moi et un gobelet d’Aryen, boisson au yaourt très rafraichissante. Il m’explique comment effeuiller le persil servi à part et citronner le tout avant de la rouler pour déguster : un régal ! On parle beaucoup, lui en Turc, moi en français. Je ne comprends rien, lui non plus mais ce n’est pas grave on passe un bon moment et on rigole beaucoup. Je fini par sortir la carte pour lui montrer ou je vais, il ne me croit pas. Il m’indique trois sites, mais je ne sais pas si c’est pour y aller ou à éviter… on verra bien.

En fin de journée je longe le lac Tuz, ambiance Chott El Djérid Tunisien pour les connaisseurs. Arrêt obligatoire pour marcher sur ce lac salé.

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Il est tard, la nuit tombe dans une heure, je prend la première petite route qui s’éloigne de la nationale, puis la première piste et trouve un coin parfait au bord d’un champ de melons. Encore une belle journée de passé. Ma douche est pleine mais le vent fort et froid me dissuade de l’utiliser, demain il faut changer de tactique, je doit me laver vers midi aux heures les plus chaudes.

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La moyenne est bonne, je roule entre 500 et 600 kms par jour. Du lever au coucher du soleil, soit de 5h00 à 18h30. Un peu en décalage avec la vie locale mais ça fonctionne. Mon prévisionnel est bon, je devrai être à l’heure à Tbilissi. Pas besoin de berceuse, je m’effondre une fois de plus dans mon duvet, des images plein la tête, est passe la nuit d’une seule traite…ça a du bon les voyages !

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12/09  –  Back in Cappadocia

Départ encore très matinal pour rejoindre la Cappadoce. Ma femme et moi avions passé une dizaine de jours dans cette région en 1989, à bord d’une Renault express aménagée : le Luxe. On avait fait d’incroyables rencontres et je suis impatient de retrouver la région.

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Arrivé en milieu de matinée sur les premiers sites. Ouffti ! (Pour flatter le lecteur Belge) ca a bien changé. Les sites sont toujours incroyables mais ça pue le bisness à plein nez. On ne peut pas leur en vouloir, ça fait bien longtemps que c’est comme çà chez nous…

A chaque fois que je m’arrête, un rabatteur me propose un service ou un autre et je doute fort que ca soit juste pour le plaisir.

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Qu’importe, la région est vraiment belle et en prenant par les pistes je retrouve la Cappadoce sauvage tel que je l’ai connue. Ce site volcanique est une curiosité géologique et je m’arrête tous le temps pour une photo, un drôle de caillou, une étonnante falaise. Ma moyenne va en prendre un coup !

J’explore la moindre piste, le moindre vallon, beaucoup de demi-tours difficiles et une épaisseur de fine poussière sur les pistes, digne du Fesch Fesch. C’est difficile, il faut rester concentré et ne pas céder à la tentation d’ouvrir en grand ! Je repense à ma mésaventure de  la veille et tout rentre dans l’ordre, j’en ai encore les jambes qui tremblent… à moins que ce ne soit la tôle ondulée sur laquelle je roule.

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Göremme, Kavak, Damsa, tout y passe. Cette région vaut de l’or !

Rencontre avec deux motards allemands en GS, grandes embrassades sur le bord de la piste. On discute un long moment, ils hallucinent sur mon projet. Pour eux c’est la fin, ils rentrent demain vers l’Allemagne. Je vois le regard du plus âgé plein de rêve, si je lui disait “viens avec moi“ peut être bien qu’il le ferait.

On se quitte au bout d’une demi-heure, et je m’aperçois que pas un de nous n’a enlevé le casque durant cette rencontre, il fait désormais partie intégrante de notre corps.

Je mange un Doner Kebab dégueulasse et vendu à prix d’or dans la ville d’Ürgüp. Le tourisme, ça n’a pas que du bon !

Je quitte cette région à regret, profite d’une fontaine en montant un col pour faire un bout de lessive et faire le point sur la suite de l’itinéraire. Ça commence à faire juste pour longer la Syrie, je reste à ce niveau et décide de rejoindre au plus court le lac Van.

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Traversée des monts Taurus : Magique et stressant.

La route est en pleine réfection pour rejoindre un col, je roule dans 5 cm de graviers fraichement posés. C’est l’enfer ! Les camions me poussent au cul, la moto est incontrôlable et c’est la boule au ventre que j’arrive à me hisser sur ce foutu col, j’y ai laissé toute mon énergie. L’autre versant est tellement beau que j’en oublie vite cette mésaventure, je rejoins une plaine au milieu des vignes (un raisin blanc dont je me souviens encore du goût) qui est dominée par un immense volcan culminant à 3917m : époustouflant !

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Il faut que je roule j’ai pris beaucoup de retard et c’est tard dans la soirée que je me pose dans la montagne, loin de tout.

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J’ai zappé la douche. Pas grave, je ne suis plus à un jour près…

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13/09  –  Un journée mal partie

Cette nuit, j’ai écrasé comme un bébé. Le soleil tape sur la tente et j’ai du mal à sortir du duvet. Il va falloir que je me ménage, je commence à être fatigué. Je décide de rester sur la route pour récupérer un peu. Il faut que j’avance, hier je n’ai fait que 170 bornes, j’ai pris beaucoup de retard.  Ça commence mal, j’ai déjà dix kilomètres de piste pour rejoindre le goudron.

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La lumière est très belle et je flâne au ralenti devant mon bivouac, je profite au maximum de cet endroit.

Une fois le camp plié, je rejoins la route qui descend dans une grande vallée. Je me traîne, m’arrête sans arrêt, pour siroter un Cay, pour demander mon chemin et causer un peu. Je crois bien que c’est un jour sans…

Je rejoins une 2×2 voies, et déroule en douceur dans une large vallée calé à 110 km/h derrière une voiture. Au loin une voiture de police, typiquement stationnée face au trafic avec un radar embarqué. Coup d’œil sur le compteur : je suis clean.

Cinq bornes plus loin, ses collègues au milieu de la route qui me sautent littéralement dessus pour m’arrêter. Je suis zen, j’étais à la bonne vitesse. On discute, il me demande mon itinéraire. Me conseille une route, me montre un site incontournable ou aller… cool, il veulent juste discuter.

Puis, l’un d’entre eux lâche “moto, to speed“ et me fait comprendre qu’on attend le chef pour dresser le PV. Gloups !

Arrive le jeune chef, papiers et tout le toutim. Il m’a flashé à 109 km/h. je me défend en rigolant et il me sort une mini fiche avec les silhouettes des véhicules : en moto, c’est limité à 100 !!!

Pas moyen de causer mais ils sont cools, on rigole bien car ils n’arrivent pas à lire la carte grise (comme moi d’ailleurs) avec ses foutus numéros avec la légende derrière. Ca tourne à la blague et c’est dans de grands éclats de rires qu’il complète le PV “à l’arrache “. J’ai bon espoir, en vain. Me voilà avec une amende de 60€ à régler d’ici un mois, il me griffonne l’adresse où payer la prune et on se quitte avec de bonnes poignées de main chaleureuses. Du délire !

J’en suis convaincu, c’est une journée de merde…

Je file (doucement) et un peu vert, mais content de m’en tirer ainsi. C’est pas une ruine.

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Je rejoins Gôlbasi, grignote un truc. Depuis ce matin tout le monde me demande si je vais dans la montagne ??? y’a quoi dans cette montagne ? Puis on me parle du ferry… mais quel ferry ???

Je ne pige plus rien.

Je roule, un grand lac apparaît doucement. Fin de la route. OK je comprends enfin, il s’agit seulement d’un bac pour traverser l’Euphrate. Peu de voitures attendent, je peux embarquer rapidement pour rejoindre l’autre rive. A coté, un chantier titanesque pour faire enjamber un pont, celui de Normandie ressemble à une passerelle à Lilliputiens à coté !

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Je continue à un bon rythme passe devant le croisement de “la montagne“ marqué parc national sur ma carte. J’ai un doute, ça me fait un détour de  80 bornes  mais tout le monde m’a parlé de ça. OK je m’engage sur une étroite route qui remonte la gorge, regrette déjà mon choix mais maintenant que j’y suis. Je suis une petite route super raide en pavés autobloquants et je monte je ne sais où… barrière, péage, 1€, je ne vois toujours rien, quel est l’embrouille ? ça me gave, 25 bornes à monter nulle part, j’ai envie de faire demi tour, mais ce serait trop con, le sommet de la montagne est encore loin mais ils n’ont pas fait la route jusque là haut… je passe un dernier col, et si… la route monte au sommet.

Deux maisons, un truc bizarre sur la cime, me voilà sur le site de Nemrut Dağı.

J’en crois pas mes yeux ! Une tombe grecque (je crois) plantée au sommet d’une montagne. Une vue à couper le souffle. Je reste deux bonnes heures à rêvasser au milieu des ruines, ce site est tout simplement magique. Je suis seul sur la terrasse Est, quelques touristes sur l’autre versant. Une découverte incroyable…

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Ca m’a redonné la pèche et une fois descendu, j’enquille 400 bornes d’une traite.

Repas dans un routier, plein de la douche à une fontaine et gamelle en faisant demi-tour dans le devers… et merde ! J’ai oublié de garder du frein

Il fait nuit, je n’ai jamais relevé la GS avec les valises. En Tunisie il fallait tout virer et me péter le dos pour le faire, je crains le pire. En fait, nickel. Elle pivote sur la valise, l’assiette est tellement favorable qu’en poussant un bon coup elle est sur ses roues. Je file au bivouac repéré avant le repas, méga douche, je m’effondre dans le duvet avec une joie intense : cette journée était tout simplement Magique…

14/09  –  Ararat, me voilà.

Aujourd’hui, j’ai une patate d’enfer !

Si tout va bien, je suis au Mont Ararat dans la journée. Un vieux rêve qui date de 1995. On devait en faire l’ascension à ski. Tout était prêt, il ne manquait que l’autorisation des Turcs, via un permis demandé largement dans les délais. Mais voilà, la région était instable et on n’a jamais vu le permis. J’avais reçu un courrier des autorités, deux ans après, avec un avis positif pour le mois d’Aout, Du grand n’importe quoi.

Je sors de la gorge ou je dormais et arrive rapidement en vue du lac Van. Instant paisible, je me pose en haut d’une falaise qui domine le lac, je me fais un café, les yeux rivés sur celui-ci : je suis bien.

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J’hésite à passer par la rive nord, plus rapide. La rive sud me tend la main et me fait de l’oeil mais j’ai plus de 300 bornes pour rejoindre Dogubayazit et je souhaite profiter au maximum du mont Ararat. Le choix est vite fait, d’autant que la rive sud m’oblige à traverser Van. Et des grandes villes, je n’en veux plus !

Je longe la rive, baigné dans une superbe lumière. Remonte les pentes du volcan Tendürek et ses coulées de lave récentes, un petit air d’Islande mais bien sec. Je passe un col et aperçois au loin le sommet de l’Ararat : Yes !

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Je ne veux pas arriver par la ville,  ça ne va pas avec le paysage. Je décide de longer la frontière Iranienne pour arriver direct sur le palais d’IshakPasa. Pas de route sur ma carte papier, mais une vielle piste sur les cartes russes du smartphone, ça doit le faire. Je pars dans la montagne en suivant une bonne trace, débouche au sommet d’un col, la vue embrasse toute la vallée. Ce n’est pas la bonne piste mais je m’en fou, celle là est sublime.

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Je descend doucement sur Dogubayazit, m’arrête tout les 100m pour filmer ou prendre des photos. Cette montagne m’envoute.

J’arrive en ville pour l’heure du repas, me pose dans un resto. On m’emmène en cuisine pour la commande et je me retrouve à gouter tous les plats… difficile de faire un choix, tout est bon et leur Ayran, fait maison, est une tuerie !

Je monte visiter le palais d’Ishak Pasa, très beau mais un peu fade en comparaison de la veille.

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J’y croise deux Tchèques, un en 1200 GSA, l’autre en 800 GS. Le premier me snobe carrément, j’en reviens pas !

Je chope le second avant qu’il ne s’arrache, et prends des nouvelles sur leur trip. Ils reviennent de Géorgie et je récupère d’importantes infos sur l’état des pistes. Ils ont fait demi-tour à chaque fois : Terrain impraticable ! Pourtant leurs motos sont suréquipées, et je blêmis car en Géorgie nous serons en duo : c’est pas gagné.

Je leur indique la piste juste derrière le palais, 20 bornes de billard en terre rouge avant le goudron. Un vrai terrain à Honda Goldwings ! ils ne le sentent pas, trop dur en apparence, je commence à douter de leurs tuyaux.

Je reprend la route pour m’approcher au plus près du Mont Ararat : il en impose un max.

Je suis la piste qui mène aux villages au pied de ses pentes, l’occasion de mettre en scène quelques images.

Poser le pied photo avec l’appareil, affiner le cadrage, mettre le retardateur, enjamber la moto et partir à bloc… un coup trop loin, un coup pas assez. Seul, l’exercice est délicat et prend beaucoup de temps.

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Je vois une petite route sur ma carte, le gps l’a aussi, je fonce.

Me voilà à l’assaut du col de Cilli, la piste est abandonnée, limite trialisante et je peine à garder la BM dessus. 20mn plus tard, je suis au col. Complètement en nage, le sabot est plié au niveau de la béquille. Sans lui, la moto serait défoncée, il faut que je calme le jeu.

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Du goudron sur l’autre versant me rassure, et je part sur Igdir , l’Ararat dans les rétros, en me promettant de rester sur le bitume pour la journée.

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Je trouve un coin à la nuit tombante juste avant Digor. Demain matin je passe voir la cité Arménienne d’Anikoÿ, ça ne fait pas un gros détour et on m’en à dit le plus grand bien !

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Je me couche avec le Mont Ararat en toile de fond, et je réalise la chance de pouvoir être là ce soir.

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15/09  –  Duel Franco-Tchèque en Géorgie

Réveil toujours aussi matinal, maintenant que j’ai chopé le rythme, ce n’est plus une contrainte.

Je file à travers les pistes vers la citadelle d’Ani, ça roule bien et il n’y a pas de pièges. Malgré la promesse que je me suis fait, je titille un peu la poignée de droite. C’est tellement bon !

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Je jardine pas mal car il y a pleins de croisements et je ne sais plus où aller. Je croise un ado sur un tracteur, lui demande mon chemin : il ne voit pas du tout ce que je cherche. Je lui montre la carte, il ne sait pas lire…

Je suis comme un con à 6h du mat’ à essayer de trouver le site le plus remarquable de la région ! Au bout d’un long instant il me regarde et crie “Ani ? “. Je suis vert, ça fait un quart d’heure que je lui sort ce nom et il réagi seulement… il me montre une piste, je le remercie de tout mon cœur et repart dans la direction qu’il m’à indiqué. Dix minutes plus tard je suis devant un imposant mur d’enceinte, ça promet ! Le site est fermé, il est trop tôt. Une bande de gamins font les cons, perchés sur le mur, et me font signe d’entrer.

Derrière ce mur tout neuf, je découvre… un beau champ de ruines, bien ruiné à perte de vue. Mouais, surement unique par l’aspect historique de la chose. Mais moi qui ne suis pas initié à cette période de l’histoire, je n’y vois qu’un tas de gravas disséminé sur un plateau, une pôve église qui peine à tenir debout au loin. Je vais la voir de plus près par acquis de conscience : bof !

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Je m’arrache aussitôt, ce site ne m’intéresse pas !

Je croise le gardien au retour, il sort surement du lit car il a du mal à ouvrir les yeux et ne me voit même pas.

Je file direction nord pour passer la frontière près de Posof, d’après les Turc ça passe bien mais le poste ferme à 17h00. Je suis large.

La région est très pauvre et l’accueil moins chaleureux par ici, je m’y sens mal à l’aise.

Je roule bon train vers le nord, la route est neuve et je suis calé sur un bon 90 km/h.

Au bord de la route, deux ados gardent des moutons. Ils me saluent, Je réponds. Au dernier moment l’un d’eux court dans ma direction et me lance un énorme pavé que j’évite par miracle !

La surprise passée, je suis hors de moi. Je tremble de partout imaginant les conséquences s’il m’avait touché. Je pile net, fait demi tour, les gamins bondissent dans le talus et détalent à toute jambe. Trop raide pour les suivre en moto et ils sont trop rapides pour que je courre après. Je ne peux pas laisser passer ça. Si je ne fais rien, le prochain motard y a droit. Je trouve un passage 200m plus haut et m’engage dans la prairie, un pré défoncé et parsemé de blocs me sépare d’eux, ils sont morts de rire. Fou de rage je force le passage à travers et entame une course poursuite dans la prairie. Le gamin est terrorisé, perd tous ses moyens et s’écroule en pleurs devant moi. Je le chope par le col, encore assis sur la moto et le tiens à bout de bras. En dix secondes, toute la montagne accoure et vient autour de nous. Je béquille la moto, relâche le môme et peine à me calmer. J’explique la situation aux adultes qui prennent sa défense. Ils comprennent vite ce qui se passe, il n’en est pas à son premier coup. Ils me calment doucement, me tapotent sur l’épaule, s’excusent pour lui. Je repars encore tout rouge de colère. Le gosse consulte surement chez le psy à l’heure qu’il est : je dois hanter toutes ses nuits.

Je repars vers Kars (une grande ville, beurk !) dans l’espoir de pouvoir payer mon foutu PV. Rien à faire, personne ne veut de mes thunes et les flics finissent par me virer du poste en me disant de ne rien payer et de rentrer chez moi ! Problème car au bout d’un mois ca devient un délit et prochain voyage en Turquie, je suis bon pour la case prison. Jouer le remake de Midnigth express ne m’enchante guère.

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Je roule vers la frontière, prends un dernier repas à Posof (super) et me voilà au poste frontière. Passage turc toujours aussi rapide. Je sors mon PV en suppliant de pouvoir le régler. On m’envoie au caissier, il est là pour ça et me remercie d’acquitter mon amende. J’ai même droit à un rabais pour payement anticipé. 30€ plus tard, me voilà soulagé : les portes de la Turquie me restent ouvertes.

Douane Georgienne nickel, je suis reçu comme un pape. Je discute avec des routiers Iraniens, ils sont super cool et me ventent leur pays. Promis les gars, prochain trip je passe chez vous !

Mon assurance s’arrête ici, la FMA n’a jamais daigné répondre à ma demande d’extension. Je demande à en prendre une sur place : pas possible !

Wouahou, ça complique la chose, rouler à poil ne m’enchante guère mais je n’ai pas le choix. Ils me renvoient sur Tbilissi. Je repars à deux à l’heure, en guettant partout : faut pas bugner, faut pas bugner…

J’ai une journée d’avance, ma femme arrive demain vers minuit, je peux en profiter pour voir à quelle sauce je vais être mangé. Pas question  d’aller poireauter à Tbilissi, la plus grande ville (beurk !) de la Géorgie. J’étudie la carte que m’a filé un Turc, pas de GPS ici à part les cartes russes de mon smartphone. Je vois une piste pas très loin où les tchèques on rebroussé chemin. C’est le moment de valider leurs infos, au pire je fait demi tour, j’ai le temps. La piste part d’Abastumani, ancienne ville Thermale et rejoint Sairme, une autre ville thermale en activité, par la montagne et à travers un parc national : le Top

C’est parti, ici tout est vert, grosse différence de climat avec le voisin Turc. Tout est destroy aussi, j’ai un peu de mal à m’y faire.

Je découvre la piste après Abastumani : trop facile ! Plus haut elle grimpe raide et ça se complique un peu. Au bout de vingt minutes, me voilà carrément à l’attaque de grosses marches, de devers, il faut anticiper chaque passage, les ornières ont une allure de grand canyon : si je glisse dedans, jamais je ne ressors. Je suis limite, mais j’ai ma fierté : Pas question de lâcher là où les danseuses étoiles Tchèques  ont fait demi tour. Chuis con !

Ça fait une heure que je grimpe en première à la limite de caler, la moto chauffe et je dois m’arrêter souvent pour la laisser refroidir, le bonhomme aussi par la même occasion. Je débouche enfin de la forêt et découvre un paysage familier : la haute Savoie !!!

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Faire autant de bornes pour se retrouver là, c’est un peu nul.

Je me hisse en haut d’un col, croise quatre géorgiens bien imbibés qui me font de grands discours en Russe, je ne panne que dalle, mais ils me font bien rire.

Je croise aussi un vieux berger qui se demande autant que moi ce que je fout là. Le site est vraiment classe et je dormirais bien par là. Je suis à 2300m d’altitude et mon petit doigt me dit que ça doit bien peler la nuit.

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Je décide de basculer sur l’autre versant, copie conforme du Vercors, quel dépaysement ! La descente est aussi interminable que la montée et tout aussi trialisante. J’espère que ça aboutit quelque part car je ne suis pas chaud pour faire demi-tour.

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J’arrive à bout de forces et couvert de boue sur Sairme, petite station thermale aux hotels ultra modernes. Tout est neuf, que du beau monde. Je passe discretos car je sens que je fait un peu tâche.

Dodo plus loin dans la gorge, je suis épuisé et m’endort rapidement dans ma crasse. Même pas le courage de me faire à manger.

Ce soir, je suis quand même fier de moi car je pisse plus loin que les Tchèques…

16/09  –  Tbilissi, capitale de la Géorgie

Depuis cette nuit, la pluie tombe. De grosses averses. J’avais hésité à monter la tente la veille, tellement j’étais naze. J’ai bien fait de me forcer un peu. Il est 7h (grasse mat’) et cela fait dix minutes qu’une accalmie est là. J’en profite pour tout plier avant l’arrivée d’un nouveau déluge. Le matos est trempé, y compris mon duvet. Ça change un peu la donne.

Je poursuit mon jeûne de la veille et descend rapidement la vallée. J’arrive dans une ville, rejoint une pompe pour faire le plein. Passe dix minute à me battre avec le pompiste. Il veut que je choisisse le type de carburant mais je ne comprend rien à l’alphabet géorgien et encore moins à ses explications en russe. Il finit par décrocher le pistolet “regular“, Ok ça me va !

La moto démarre, elle roule, c’est bon j’en demande pas plus. (En fait je découvrirais plus tard que c’est du 91, ça boit n’importe quoi une GS !)

Maintenant : trouver à manger, j’ai vraiment la dalle. Je tourne en rond, trouve un resto où un couple déjeune. On ne veut pas de moi, soit disant qu’il n’y à rien à manger ! Un rapide coup d’œil sur l’assiette des jeunes me prouve le contraire. J’insiste et j’ai doit à un “Niet“ assez franc pour seul réponse.

Cool, je repars l’estomac dans les talons mais je commence à apprendre les rudiments du Russe…

Je fini dans une boulangerie et me retrouve avec un pain très salé à la forme si particulière.

Pas grave, j’ai faim.

Je sort de la ville et trouve un vague champ, le soleil est de retour, j’en profite pour étaler tout mon barda. Le temps de me faire un thé et d’engloutir ce pain vraiment trop salé (comme toute leur cuisine d’ailleurs), tout est sec et me voilà repartit pour la capitale.

Les Géorgiens roulent comme des chiens, c’est difficile et épuisant. Il faut être hyper concentré pour ne pas se retrouver dans le talus. Entre les camions qui se doublent, les grosses bagnoles qui roulent à toc, les nids de poule et les vaches qui traversent sans regarder,

Moi et mon défaut d’assurance, on n’en mène pas large !

Le pays est ravagé, tout est en ruine, je ne me sens pas à l’aise ici.

Je n’arrive pas à faire des photos, je suis gêné d’être là. Il y a une telle différence entre ma BM rutilante (et super boueuse à cet occasion) et ce pays que je ne ferais qu’un seul cliché aujourd’hui. Un panneau routier avec une de mes prochaines destination dessus : Teheran.

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Je rentre en début d’après midi sur Tbilissi, un beau tronçon d’autoroute m’a réconcilié avec l’autochtone.

La ville est en pleine reconstruction, les archis loufoques qu’on à viré de chez nous ont dû finir ici : ils sont en train de construire la maison des Barbapapas et un bouquet de champignons géant ! Faut qu’ils arrêtent d’en manger…

Mission du jour :

1) trouver un hébergement

2) prendre une vraie douche, mes effluves m’incommodent. Je pue, quoi !

3) repérer où est l’aéroport pour récupérer ma douce

4) prendre un vrai repas, je glisse doucement vers la silhouette du mannequin Ethiopien…

5) organiser un BON programme pour la semaine

Je sors mon petit futé, seul guide que j’ai emmené sur ce voyage (je ne veux pas trop improviser avec Doro. si la semaine est nulle, pas sûr qu’elle viendra une autre fois !)

Je cherche une bonne adresse sur Tbilissi, vous savez celle où on retrouve que des français qui ont eu la bonne idée d’acheter le même guide…

Chez Ketevan, ça à l’air bien. Me voilà parti à tourner en rond. Je ne comprends rien aux panneaux, ils sont en Alphabet géorgien (normal) et mon guide en alphabet latin (un peut normal aussi)

Je m’arrête souvent pout demander aux piétons, mais ma prononciation est nulle et impossible de leur faire comprendre ma destination. Je tourne, je tourne, je tourne…

J’en peux plus, deux heures que j’arpente cette ville et me retrouve aux mêmes carrefours. Je commence à avoir mes repères : la grande église, la place aux limousines, la rue au demi tour impossible, le pont “merde, je ne suis plus sur la bonne rive“…

Décidément, je ne suis pas fait pour la ville.

Changement de tactique, je repère sur mon plan faux du p’tit futé (qu’a pas inventé l’eau chaude Georgienne) une sortie de métro à coté de ma logeuse. Ça n’a pas l’air difficile à prononcer et au troisième passant, bingo ! Il voit ou je veux aller et m’explique pendant 5 minutes dans un russe sans fautes la direction à prendre : c’est pas encore gagné.

Je m’arrête à chaque intersection, chaque feu, dès que je vois un policier pour demander mon chemin et 15 mn plus tard, j’entre dans la cours du Guesthouse.

Ketévan me reçois avec un grand sourire, pour m’annoncer dans un parfait français qu’elle n’a plus de place !

J’insiste, elle fini par me proposer deux lits dans une chambre ou dort Louis, un jeune parisien venu étudier le Russe.

Je prends, j’espérais un peu plus d’intimité mais un lit, une douche, en plein centre pour quelques Euros, c’est nickel.

Je passe le reste de la journée en compagnie de Louis qui m’explique les rouages de la Géorgie, cela fait maintenant 5 mois qu’il est là, il remonte à Paris la semaine prochaine.

Ses conseils sont précieux et j’échafaude un programme pour la semaine. Il est validé par Kétévan, une vieille dame charmante et un peu envahissante qui considère ses hôtes comme ses enfants.

Ils m’invitent au resto, j’ai de la marge l’avion de Doro atterri à minuit. Je découvre la gastronomie locale et la bonne humeur des habitants de ce pays, je commence à m’y sentir bien !

Je vais à l’aéroport, propre comme un sou neuf et rasé de près. Je n’ai plus ma barbe de Taliban en début de carrière,  je me sens beaucoup mieux ainsi.

Je me paume (normal !) tourne une bonne demi-heure pour retrouver l’aéroport. Et arrive pile à l’heure pour récupérer Doro.

Retour au Gesthouse. Direct, sans me tromper, la grande classe !

Demain, l’aventure reprend en duo.

17/09   –  Balade en duo

Je suis debout depuis une bonne heure, j’affine le parcours de la journée. Doro dort encore, il est 8h, cette grasse mat’ m’est intolérable !

On prend un petit dèj’ rapide et je lui explique mes projets pour la semaine. Aujourd’hui, on roule vers l’Arménie pour visiter des monastères troglodytes, ce soir retour à Tbilissi et demain, direction la montagne. Ça lui convient, elle ne veut pas rouler des heures non stop. Au bout de deux, elle s’ennuie.

Pour elle la moto reste un moyen de déplacement. On avait passé notre permis ensemble, eût chacun une moto pour des voyages en France. Depuis elle a tourné la page, ça ne l’intéresse plus, je respecte son choix.

Ketevan prend note de notre destination du jour et commence à m’expliquer par où prendre la bonne route. Je l’arrête de suite, j’y suis passé quinze fois devant hier, je connais le chemin !

Nous sortons de la rue et au bout de 5 minutes, je me perds…

Je reprends ma technique infaillible qui consiste à demander à chaque croisement la bonne direction. C’est long, mais ça marche. Ils nous font beaucoup rire, ils indiquent la direction à prendre avec le doigt et racontent une histoire sans fin avec, on ne comprend rien mais c’est très drôle.

Dans une petite ville, avant même de s’arrêter pour poser la question, un chauffeur de taxi nous indique la bonne direction. Comment il sait où je veux aller ? chuis con, il se doute bien que je ne suis pas là pour ramasser des fraises, c’est le seul truc touristique du coin.

La route devient bien destroy, puis se transforme en piste. Exercice qui me semble délicat… Doro ne bouge pas et pour elle ce n’est pas très différent de la route : cool, cela ouvre des perspectives. D’autant plus que je ne ressent aucune gène au pilotage.

On arrive sur un site, le monastère est creusé à même la falaise. C’est moins impressionnant que sur les photos. On monte visiter la chapelle en compagnie de deux géorgiens qui viennent d’arriver. On se fait sortir séance tenante par un moine, Doro est en jeans, il y a un code vestimentaire pour qu’elle entre là dedans. Oups, belle boulette.

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Je retente tout seul, niet. On est grillé. Le géorgien m’explique qu’on ne peut pas visiter et s’engouffre dans la chapelle avec son pote, je suis dégouté.

On repart plus loin, la lumière est magnifique, un gros orage se prépare sur l’Arménie. Vu la sècheresse du site, c’est une aubaine.

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Une belle piste se dessine devant nous, on rejoint le goudron et un panneau indiquant le site de David Garedja. Ok, on n’était pas sur la bonne route.

Un peu plus loin, une tour sur la crête. Un 4×4 garé en contrebas, on file voir le monument. Je me gare à coté de la voiture. Ses occupants (des polonais) discutent avec un militaire qui monte la garde près d’un algéco de son poste.

Les polonais nous expliquent que nous pouvons peut-être monter voir la tour, avec l’accord du chef, à qui le garde téléphone.

Ah bon, pourquoi ? Il est où le problème ?

La crête sur laquelle se dresse la tour sert de frontière avec l’Azerbaïdjan, et ils ne sont pas super potes… c’est compliqué la politique !

Le chef dit Ok (Da, en Russe. Je maitrise, hein ?) Il prend sa Kalachnikov, et nous voilà partis derrière lui dans un escalier taillé à même le rocher.

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Stop ! Une silhouette apparaît au sommet. Le méchant Azerbaïdjanais nous attend tapi en embuscade, fin de la ballade.

On ne peut pas aller un poil plus haut ? moi je ne vois qu’un pôve soldat comme toi, avec le même fusil en plus !

– Niet !

Je ne discute pas, c’est lui qui a le pistolet chargé et dans les westerns c’est toujours les vainqueurs…

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On le remercie, ainsi que les polonais qui me font voir une vraie carte routière et la bonne route pour rentrer… pffff, ils nous prennent pour des touristes. On est des aventuriers, monsieur ! on à pas besoin de cartes pour se paumer. Je jette quand même un oeil vite fait et prend même la carte en photo, ça peut servir quand les aventuriers en auront marre de tourner en rond…

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On arrive au monastère : c’est classe ! Le site est vraiment beau. Je me gare à coté d’un vieux camion Russe. Il est trop cool, je m’empresse de le prendre en photo ! Doro n’y vois qu’un camion, chacun son truc.

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On visite le site et on commence à avoir un peu les crocs mais point de resto ici. Pour le tourisme de masse, c‘est pas encore gagné.

On repart par la belle route indiquée par les Polonais (je l’aurais trouvé tout seul)

Arrivés dans un village, on dégote un excellent resto : l’oasis club, c’est le seul en fait.. La patronne (charmante) parle un parfait anglais, je pense même qu’elle vient de là bas. On mange super bien et pour que dalle. Elle misère avec sa pompe à bière. J’essaye de la bricoler, en vain.

Juste avant de partir elle nous présente une gamine qui rêve de monter sur la BM, no problème ! On lui met un casque, je lui explique comment se tenir et gazzzz. Je lui fais le grand jeu.

Cinq minutes plus tard, nous sommes de retour et la gamine à un sourire jusqu’aux oreilles. Elle raconte le run à ses copines qui font la queue pour leur tour. C’est bon, faut qu’on y aille. La suite pour le prochain motard.

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On rentre tranquille sur Tbilissi, la route est plus confortable. On s’arrête à une pompe pour faire le plein de « regular » et laver la moto. Elle est tellement crade qu’on s’en fout partout dès qu’on la touche.

Simon la bichonne (je ne me rappelle plus de son nom, mais ça lui va bien) pour quelques Lari : savon, peau de chamois le travail est impeccable ! Pour vingt fois le prix, on doit frotter tout seul par chez nous.

Un attelage improbable est garé à coté, mélange d’Ural et de triporteur, je m’empresse de le prendre en photo.

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On rente au Gesthouse sans trop se perdre (je progresse)

Resto, dodo, la journée était bien sympa et je suis content de l’avoir partagé avec Dorothée.

18/09  –  Plongée dans le Caucase

On a décidé de se lever tôt pour profiter de la journée. Petit dej’ à 7h00 (super tard, quoi !) et on charge la moto. Je laisse plein d’affaire chez Ketevan : le bidon d’essence qui ne me sert à rien, le pneu de rechange, quelques bricoles en plus. On conserve le matos de bivouac, au cas où.

L’idée est de monter dans le Caucase pour randonner en montagne, ça faisait parti du deal. On irait bien dans l’est pour la vallée sauvage qui mène à Omalo mais il y a 150 kms de piste difficile d’après les retours qu’a eut Louis et je ne suis pas sûr que ça le fasse en duo.

J’assure le coup, on part par la fameuse piste militaire pour rejoindre  Kazbegi, point de départ de multiples randonnées d’après le p’tit fût fût. Dorothée trouve dommage que je prenne deux fois la même route vu que je repartirais par là. M’en fout, c’est Sa semaine et puis tant que ça roule c’est bon pour moi.

On avance par sauts de puce. Un café ici, un monastère par là… un demi tour plus loin vu que je me suis gouré de route.

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La vallée est belle, la route flambante neuve. Les arrêts sont nombreux pour profiter des lieux et ménager ma passagère. C’est bien ce rythme aussi, on se traîne mais on profite plus du paysage. Je vais peut-être y prendre goût.

Je ne reconnais pas les images  des différents trips vus sur le net. Normal, le goudron est passé par là et ça change tout.

On se gare à coté d’une belle église au bord du lac. Un Russe répare sa voiture sur le parking. Apparemment il à dormi ici avec sa famille. Je m’approche par curiosité, échanges de sourires, il a des misères avec son carbu. Il est en train de bricoler un pilon en bois pour agrandir ou boucher l’arrivée d’air. Je ne vois pas où il veut en venir, ça m’a l’air d’être une sacrée tanche en mécanique. Pas prêt de repartir le bonhomme !

On visite le site qui vient juste d’ouvrir ses portes. C’est étrange. Pas de déco comme dans nos églises, juste quelques tableaux de je ne sais quel saint. Les murs sont à nu, ça en jette quand même.

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On ressort au bout d’un long moment, arrive un bus de touristes. OK, le bal est lancé on file à toute vitesse. En démarrant, je regarde machinalement vers le Russe. Le capot est baissé, le moteur ronronne comme un gros chat. Je retire ce que j’ai dit, ce mec est un magicien !

On continue la route, délires sur un pont suspendu, puis la vallée se referme et on attaque à flan de montagne. C’est sympa, ça ressemble beaucoup à nos vallées, les téléphériques en moins.

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On passe Gudauri, station de ski moderne… sur le papier. C’est un peu en vrac sauf les remontées mécaniques dernier cri.

Quelques potes organisent de l’heliski dans la région, il doit y avoir un paquet de neige pour que ça vaille le coup. Il faudra creuser la question.

Plus haut j’aperçois le monument pour la réunification Géorgie-Russie (c’te blague !).

Arrêt photo obligatoire, ce lieu dégage quelque chose d’envoutant. La fresque est immense, les couleurs magnifiques. La vue sur la vallée est étonnante, ils sont balèzes ces russes.

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On s’habille un peu. Il faisait 32°C à Tbilissi, ça vient de tomber à 10°C.

Je viens de passer sur la réserve, le range m’indique 70 bornes. Pas de panique, nous sommes à 50 km de Kazbegi ou plutôt Stepantsminda le nouveau nom de la ville.

On passe un col, s’arête le long d’une curiosité géologique. Une coulé stalagmitique ferreuse : C’est étonnant.

En face, trois mamies vendent de drôles de trucs. Ça à l’air de se manger, on tente la chose. C’est un régal. Une sorte de Knacki en jus de raisin gélifié fourré aux noix, miam.

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Arrivés à Bidara un panneau nous invite à explorer la vallée de gauche qui mène à une gorge, WWF et Cie de partout. Ça doit être bien.

Coup d’œil rapide sur le fût fût qui confirme, c’est parti !

C’est une piste mais bien roulante. Au fond de la vallée on passe un pont, puis fin de la piste. Elle est ou la gorge ?

Des bidasses traînent par là, je leur pose la question. Ils me montrent le flan opposé et la nouvelle piste qui passe tout là haut. Pas génial comme plan, je propose à doro de monter « juste pour voir » elle est OK. Nous revenons sur nos pas, croisons trois Françaises qui cherchent la même chose. Elles continuent sur le sentier.

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Le début de la piste est raide, et parsemé de gros cailloux. Ca passe ric-rac. Je pousse au lacet suivant « juste pour voir ». C’est pas terrible, il y a quelque marches, je suis obligé de me mettre debout. Pas super fun pour ma passagère. Dorothée me propose de descendre et continuer à pied si je ne le sens pas… chuis pas Tchèque, moi. Ça passe toujours.

Dix « juste pour voir » plus loin, nous voilà au sommet de la bosse : Yes !

La piste continue à plat, elle devient en terre battue, je peux envoyer en troisième.

Plus loin, la vue se dégage sur la suite, les bras m’en tombent !

Je les remets rapidement sur le guidon et admire ce sublime paysage. Un mélange de vallée népalaise et sommets des Ecrins, le tout sous une lumière d’automne irréel : je viens de tomber définitivement amoureux du Caucase…

La descente sur l’autre versant de la bosse est très raide, le terrain est meuble. Gros cailloux et sable, quelques vilaines ornières. Je me suis engagé dedans, trop tard pour faire demi-tour. Doro veut descendre. Je l’en dissuade (de toute façons, j’aurais du mal à m’arrêter) en descente ça passe toujours. Le retour va être surement compliqué. Pour arranger les choses, le range est descendu à 20 kms, ça pue le mauvais plan à plein nez.

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On se retrouve au départ de cette magnifique vallée, il y a pleins de sources avec des coulées stalagmitique. C’est magnifique. Le “pas très fût fût“ (je l’appelle comme ça maintenant) nous conte des sources chaudes. Ils se sont fait pigeonner par leurs indics, la flotte ne dépasse pas 10°C. je le jette dans la valise, ça fera un bon PQ pour la suite du voyage. La suite nous tend les bras, la piste est devenue très belle. On hésite. Je n’ai plus beaucoup de sauce mais c’est trop bête de faire demi tour maintenant et trop loin pour finir à pied. On casse la croûte avec un paquet de biscuit (on avait rien prévu), un berger et son troupeau passe par là, je lui en propose. Il décline et continue son chemin.

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Allez, on se motive ! on a juste besoin de monter la bosse pour repartir, après ça descend tout le temps, on tente le coup

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On continue jusqu’au premier village, une vielle jeep de marque Russe nous barre la route. Des soldats tous bourrés se pochtronnent avec le berger sur la terrasse d’à coté.

L’un d’eux viens nous voir.

– On peut passer ?

Il me fait voir le talus à coté, puis un énorme gué. Mouais, je le sens moyen le plan foireux.

Arrive le chef, vu le nombre impressionnant de pins qui ornent sa veste et son taux d’alcoolémie bien supérieur aux autres, privilège de chef.

Il me montre la suite et me dit Niet. Ça a l’avantage d’être très clair.

Je négocie d’aller à pied jusqu’au village suivant. Difficile de se comprendre, j’ai déjà beaucoup de mal avec le Russe à jeûn, alors là…

Je fini par griffonner un plan de la vallée, les villages et la limite qu’on ne va pas dépasser. Il respire un bon coup : Da !  C’est gagné.

Nous voilà partis à pied pour la suite, c’est beau, c’est très beau, c’est trop beau…

Visite du village abandonné, je mitraille de photos sans relâche.

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Retour sur nos pas crampons, nous voilà au pied de cette foutue rampe. Je dépose Doro. Et j’attaque le mur qui se dresse devant. J’envoie du gaz, c’est un vrai rodéo. Je ralentis pour le lacet, remet la purée, foire ma trajectoire, rebondis sur une marche, une bonne ruade m’envoie au tapis. Pas docile la bête aujourd’hui !

Je la remet debout, me replace un peu mieux, accélère et me plante sur place ! Il creuse vachement bien le nouveau pneu karoo 3.

OK, on change de méthode : je recule jusqu’au lacet. Au diable le filet de gaz pour passer en douceur. C’est poignée dans le coin et à saute moutons que je vais rejoindre le haut de la rampe. Stop, pipi, je me couche par terre et récupère le temps que Dorothée me rejoigne, heureuse d’avoir continuée à pied.

Le range indique 10 km, il doit en rester 50 pour la première pompe. On descend en mode super éco, croise les françaises qui on fait demi tour a cause d’un pont cassé. Elles voyagent en stop avec des sacs à faire fuir un automobiliste… mais sont jeunes et mignonnes, ça doit marcher quand même.

Retour au goudron, range à 20 ! Suite sur un filet de gaz, range à 30… cette BM produit elle même son carburant !

Nous sommes enfin rendus à Kazbegi. On trouve un Gesthouse après quelques péripéties et nous voilà dans une charmante, et typique maison Géorgienne.

Notre logeuse est aux petits soins, la moto au fond du jardin avec une jeune vache pour compagnie.

Demain, on passe en mode randonneurs. Un petit break sera le bienvenu !

19/09  –  Juste une p’tite rando.

Amis motard, aujourd’hui point de route, la BM se détend un peu.  Juste une histoire de montagne… normalement c’est reposant !

Il a plu toute la nuit et au réveil ça tombe encore. Nous ne sommes pas motivés pour une grande ballade, mais on à besoin de se bouger un peu.

Notre logeuse, dont j’ai oublié le prénom, nous a préparé un petit déjeuner de rois. Le temps de le finir, la pluie s’est arrêtée mais le ciel reste très menaçant.

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On a prévu une sortie à la journée, on avisera en route si le déluge revient. Nous préparons les sacs à dos avec hâte, notre logeuse nous à préparé un casse croute Géorgien : deux œufs durs chacun, un concombre, un morceau de fromage qui s’apparente à de la féta trop salée, une tomate et un gros morceau de pain. Au dernier moment elle rajoute un petit sachet de sel, au moins 100 gr. Décidément, Ils aiment bien ça ici. On à prévu de notre coté un paquet de biscuit et deux pommes, nous sommes parés pour un réveillon !

La balade habituelle conduit 300 m plus haut à une chapelle perché sur un piton d’où on peut voir le mont Kazbek qui culmine à plus de 5000m. 2h à tout casser aller retour si on traîne, peut-être plus si on pousse un peut plus loin.

Avant de partir elle nous montre la cachette de la clef, dès fois qu’on rentrerait les premiers. Elle enseigne l’Anglais aux jeunes du village.

Je lui dis quand même que si le temps s’améliore on restera un peu plus longtemps là haut.

Nous voilà partis d’un bon rythme, on quitte le village de Kazbegi et ses tuyaux de gaz jaunes à travers toutes les rues. Héritage de la proche Russie je suppose.

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Le chemin est raide, en fait, tout droit dans la pente !

En une demi heure nous voilà devant cette fameuse église, on a déposé un paquet de personnes qui montaient par le même itinéraire mais peu habitués à ce genre d’exercice.

Visite de l’église, en contrebas la ronde des 4×4 qui déposent ceux qui ne veulent ou ne savent pas marcher. Avec la pluie de la nuit, le terrain est détrempé. Chacun y va de sa trace, dans ce qui devient un vrai bourbier : ils sont en train de massacrer le site…

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Un sentier se dessine dans le vallon suivant, le temps semble tenir, on continue. Sur mes cartes Russes, il y a un grand glacier au pied du Kazbek. Du col que nous apercevons, on doit pouvoir l’observer.

Dans la montée, nous croisons plusieurs alpinistes lourdement chargés, ils n’ont pas pu faire le sommet à cause de la météo désastreuse de la nuit.

Une heure plus tard, on débouche au col. La vue est splendide, le glacier majestueux. On a bien la pêche. Grimper si léger nous demande peu d’effort, on continue vers le glacier. Il y a beaucoup de distance, le rythme reste soutenu. J’aimerais bien toucher de la glace Caucasienne !

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Doro adore randonner, si je monte, elle suit.

On double un bon paquet d’alpinistes, ils ont des sacs énormes. Comment peut-on se charger de la sorte ? Quand je pars pour une semaine, mon sac pèse une dizaine de kilos et c’est bien assez à mon goût.

Casse croute rapide à l’abri d’un rocher. Il y a du vent et il fait froid, on ne traîne pas.

Nous voilà au pied de la langue frontale. La pente est un peu raide, c’est de la glace vive. Pour nos basquets c’est la fin. A partir de là il faut des crampons. Trois personnes sont en train de les mettre. Nous apercevons de l’autre coté du glacier une immense bâtisse, surement le refuge pour la voie normale. C’est con, on y serait bien allé.

Et puis merde, on le tente ! On contourne la langue glaciaire par la gauche, une zone où se mélangent glace et pierres permet de se hisser sur le plat au dessus. La suite s’annonce plus sereine. Dorothée ronchonne un peu, elle ne sent pas trop la descente : t’inquiète c’est du tout cuit !

Pas de crevasses sur cette partie du glacier, on avance vite. Il y a une petite couche de neige fraîche, bien pratique pour ne pas trop glisser. On double deux autres cordées, ils n’avancent plus, ils sont épuisés. Un p’tit bonjour et on file.

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J’ai honte ! Nous sommes deux guignols en basquets au milieu du glacier, avec un petit sac ridicule sur le dos, ils doivent nous prendre pour des inconscients. Pour finir le tableau il se met à neiger. On se rapproche du refuge mais la trace passe très haut sur le glacier pour contourner une zone tourmentée, une dizaine de personnes la suit. C’est plus raide, pas sûr que ça passe en basquets. Je devine un raccourci sur la droite.

– Suis moi, on va tous les griller !

– T’es sûr ?

– T’inquiète, j’ai vu un vieux cairn là-bas.

– Moi, je vois plutôt des crevasses !

– C’est de la glace vive, pas de pièges, easy je te dit.

– Bon, ben c’est toi le guide…

Je trace dans 10 cm de neige fraiche, un petit labyrinthe eu un pont de glace à franchir et nous voilà dans les cailloux au pied de la dernière pente.

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Doro commence à sentir l’altitude et un peu la fatigue, moi je suis tellement excité et content d’avoir grillé tout le monde que j’ai une patate d’enfer.

On débouche derrière le bâtiment. Cela fait cinq heures que nous marchons, Nous sommes, après 2000m de montée au refuge de Bethlemi. Point de départ pour le sommet du mont Kazbeg !

On se pose quelques minutes à l’abri du vent pour grignoter une barre. Un militaire vient discuter en français avec nous. Il nous présente son chef, je souhaite causer avec lui sur la suite de l’itinéraire. Il n’est pas très chaud. Sa langue se délie quand je lui annonce que je suis guide de haute montagne, il a fait ses stages à l’EMHM de Chamonix, on parle des belles parois du Mont blanc, des courses qu’il y a fait.

J’ai droit au listing complet du massif, des courses à réaliser. Des petites astuces qu’on ne se partage qu’entre guidos…

Il nous demande si nous faisons le sommet demain, je lui montre nos chaussures et lui annonce que nous n’avons que ça. Il rigole un bon coup et on se quitte avec une poignée de main très chaleureuse.

Où qu’on aille, les gars de la montagne sont tous les mêmes…

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On reprend le chemin de la vallée, la fatigue commence à se faire sentir. Toujours aussi chiant la descente. On se promet de revenir un jour pour faire le sommet, cette montagne est vraiment belle.

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Passage au bivouac d’hiver. Un gros tas d’ordures nous le confirme. Je suis triste mais je ne leur en veux pas, ce pays à tellement à faire pour se reconstruire que l’écologie n’est pas une notion d’actualité.

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Nous arriverons à la nuit tombée, bien fatigués. Notre logeuse nous attend à l’entrée de la rue, elle était morte d’inquiétude, elle en perd son anglais pendant une demi-heure…

– Désolé, on est allé voir un peu plus haut que prévu.

La nuit va être vraiment bonne !

20/09  –  Un mauvais choix

Réveil douloureux pour les jambes.

On a bien donné hier, mais ça en valait le coup !

Ce matin le soleil brille et j’ai une petite pensée pour nos amis bidasses qui doivent fouler le sommet à cette heure ci.

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Nous sommes partagés pour la suite du programme. Dorothée souhaite faire le sommet que nous voyons du gesthouse, 800 à 1000 m de dénivelé à vue de nez dans du terrain à chamois. Je ne veux pas la décevoir mais j’ai une vielle tendinite au genou qui refait surface, sans bâtons pour me soulager, on va droit à l’abandon. C’est mon outil de travail, je dois le ménager.

Je lui propose plutôt de profiter de ce temps radieux pour changer de vallée. Un peu de route pour rejoindre Mestia et ses fameuses tours défensives. Après demain, on fera une rando au départ d’Ushguli pour rejoindre les glaciers.

C’est vendu, on plie tout et nous voilà sur la moto pour rejoindre l’autre bout du massif.

Pas de photos en descendant, il faut avancer ce n’est pas la porte à coté.

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Nous rejoignons Gori par l’autoroute, sur laquelle nous dépasserons deux Yams immatriculées en 59. On croise quelques motard de l’autre coté, échanges de signes chaleureux.

On traverse un village ou de petites échoppes vendent du « pain de femme ». Une sorte de galette sucrée à la cannelle. Elles le stockent dans un gros chaudron en terre cuite, ou il reste au chaud. C’est typique mais pas génial au goût, avec une texture de chambre à air…

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Pause repas dans un charmant routier. L’occasion de se rafraichir avec une bonne Bordjomi, l’eau gazeuse de fierté nationale, et une limonade aux poires dont seul ce pays en à le secret !

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Je vois sur la carte qu’on n’est pas rendu, il va falloir augmenter la cadence.

Doro ne dit rien, elle n’en pense pas moins, cette journée est partie pour lui déplaire.

Et c’est plein bût que je reprends la route, à éviter les camions, les vélos, les trous, et surtout les vaches de plus en plus nombreuses. Elle dorment au milieu de la route, ou traversent sans regarder ! On hallucine, cela ne semble gêner personne et tout le monde slalome joyeusement autour, précipitant le motard insignifiant sur le bas-côté.

Je me prends régulièrement des coups de ma passagère, signe que ça va un peu trop vite. J’encaisse sans broncher et maintient la cadence, Mestia est encore très loin…

Nous arrivons enfin à Mestia, village très touristique, dans cette interminable et magnifique vallée sous un ciel bien menaçant, il fait presque nuit. Nous apercevons encore les montagnes alentours, elles sont encore plus belles. La rando de demain devrais être terrible.

On trouve rapidement une chambre sans charme, et je choisis un bon resto (le seul ?) pour me faire pardonner de la journée.

L’idée de venir ici était nulle. Nous avons roulé pendant sept heures sur des routes de merde, des courbatures plein les jambes.

Ce n’est pas ainsi que je vais réconcilier Dorothée avec la moto.

21/09  –  Une journée bien maussade

Il pleut, c’est la défaite.

Je tenais tellement à cette deuxième balade pour faire oublier la route de la veille. Nous nous préparons lentement, sans savoir comment aborder cette journée. Dorothée me propose de monter en bécane pour voir Ushguli, elle sait que j’y tiens beaucoup. Mais c’est peine perdue, avec ce qu’il tombe dehors c’est surement un véritable bourbier qui doit nous attendre, je n’ai pas envie de lui faire subir cela.

Nous profitons d’une accalmie  pour déambuler dans le vieux Mestia. Les tours défensives se dressent  au dessus de nous. Ce site est vraiment étonnant. Nous déambulons une bonne heure à se perdre dans les petites ruelles. Les montagnes se cachent malheureusement sous une épaisse couche de nuage.

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Peu d’espoir qu’une éclaircie pointe le bout de son nez, nous décidons de repartir sur Tbilissi.

Et c’est sous un pluie fine que nous reprenons la route, en mode « j’me chie t’sus tellement qu’ça glisse ».

Si la pluie nous suit jusqu’à la capitale, il nous faudra deux jours pour rentrer à cette vitesse…

La route est barrée par des travaux et le temps qu’elle soit dégagée, nous discutons avec un ancien à l’abri d’une cabane de chantier. Nous apprendrons qu’ils coupent les oreilles du chien pour qu’il puisse se défendre des loups et que la forêt au dessus abrite des ours. L’ancien qui nous fait la causette parle avec des gestes suffisamment explicites pour qu’on le comprenne, il finira par nous dire que les sacs sur lesquels nous sommes assis sont les explosifs du chantier…

Arrêt casse-croûte sur le bord de la route à Skormeti dans le seul resto où nous y dégustons le seul plat servi : Un excellent Ostri. Bouillon de bœuf, tomates et pommes de terres qui est bien relevé et accompagné d’une tonne de pain.

Nous débouchons de la montagne avec le retour du soleil. Le massif  quand à lui restera dans la crasse toute la journée.

Retour efficace sur cette route ennuyante parsemé de vaches et, nouveauté du jour, de cochons.

Dorothée me fait remarquer que mon interprétation du code de la route est assez déroutante car je suis callé sur un bon 130 km/h. A chaque panneau 30, je ralenti à 100 k/h preuve que je ne suis pas une bille en math !

Une petite échoppe du bord de route propose l’assiette de fruit pour 1 lari (50cent) les fruits sont lavés et ce qui n’est pas mangé est emballé pour la route, génial !

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Nous arrivons chez Ketevan en fin de journée. Finalement, la route du retour nous a semblé bien plus courte.

Discussions sans fin avec Louis et Sophie, une jeune française qui revient d’Arménie, Une destination qui reste à programmer un jour.

Demain, pas de moto, ce sera une journée dédiée à cette ville que j’apprécie de plus en plus.

22/09  –  Tbilissi tour

Ce matin, c’est à pied que nous décidons de visiter Tbilissi. Le programme n’est pas encore établi, il se fera au gré des envies. Il y a quand même cette cathédrale (saméba) plus imposante que les autres. Située en plein quartier arménien, l’ouvrage neuf est vraiment imposant ! L’intérieur est très dépouillé. Aujourd’hui, c’est les baptêmes et nous assistons à un office particulier, l’intérieur est noir de monde.

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L’extérieur du bâtiment est très reposant. Et devant nous, se dresse la colline avec l’imposante tour télécom et une grande roue. Nous passons par la vielle ville pour rejoindre le site. La commune reconstruit toute cette partie dans le style d’antan mais c’est tellement neuf qu’on croit marcher dans un décors de cinéma.

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Les anciennes parties sont dans un état de délabrement bien avancé. Ici, une vielle église qui ne tient debout que par les poutres métallique qui la renforce. Là, une maison qui n’a rien à envier à la tour de Pise.

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Nous traversons la place de Freedom square et ses hôtels de luxe et montons la colline pour rejoindre la charmante église de Mama Daviti accrochée sur son flanc. Dedans, on célèbre un mariage. Costumes trois pièces, belles robes et talons hauts, on fait un peu tâche sur la terrasse…

Un escalier nous mène tout en haut près de l’arrivée du Funiculaire refait à neuf. Un gros bâtiment Russe vient d’être réhabilité. Pâtisserie et restos de luxe viennent d’être créés. L’occasion de manger d’excellents Khinkalis (sorte de grosse raviole fourrée à la viande). Ça se mange avec les doigts en croquant et aspirant le jus avant qu’il ne s’écoule dans l’assiette. Un régal ! Les Géorgiens en commandent une montagne comme unique plat. Un Khatchapouri accompagne le tout, le pain fourré au fromage fondant.

Le site est parfait. la terrasse domine la ville, la vue est vraiment unique avec le Caucase en fond de décors. On ne peut espérer mieux pour finir la semaine.

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Nous passons l’après midi au milieu du parc d’attraction, en haut du plateau. L’occasion de profiter de la vue imprenable du haut de la grand roue. L’ambiance est amusante. Le tout Tbilissi s’est donné rendez-vous ici. Et c’est au milieu des jeunes mariés venus faire les photos de l’événement, des ados en quête de manèges et familles de tout genre que nous finissons cette balade.

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Un petit coup de funiculaire nous ramène dans le centre et nous passons à travers le marché aux puces où se mêlent un mélange d’antiques reliques Russes et d’objets modernes. Passeports d’ex URSS, masques à gaz, petits camions Tatra et petites voitures Lada… Amusant.

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Nous finissons la journée à se perdre (volontairement !) dans les rues. Cette ville est vraiment attachante.

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Effervescence chez Ketevan, du monde en transit ce soir et quelques départs en avion prévus dans la nuit. Dorothée prend son vol demain matin tôt. Je charge la moto pour partir dans la foulée, il me reste encore un peu de route pour rejoindre la maison…

J’ai du mal à trouver le sommeil et finit très tard dans d’interminables discussions en compagnie de Louis, Sophie et un jeune couple qui voyage en train.

Demain, je passe en Russie et je ne sais pas pourquoi, cette destination m’angoisse !

23/09  –  Terra Incognita

Départ très matinal. Il fait froid et l’orage de la veille menace encore. Il nous faut vingt minutes pour nous rendre devant l’aéroport. Je laisse Dorothée qui part rejoindre Marianne, notre fille de 14 ans. Je l’envie un peu.

– traîne pas trop en route !

– j’vais faire au mieux…

Me voilà reparti en mode « poor lonesome cowboy ». Un grand vide m’envahi.

L’orage qui gronde à nouveau me sort de ma torpeur. Il est 5h du mat’ il fait nuit, je me caille et la pluie arrive.

J’ai juste le temps de trouver un abri dans une station service, encore fermée à cette heure, pour enfiler ma combinaison de pluie. La journée promet d’être morose et très longue…

Je traverse rapidement Tbilissi, il y a peu de monde dehors à cette heure. Je continue sur l’autoroute, loupe la sortie au niveau de Mtskheta., et remonte enfin la longue vallée de la route militaire.

La pluie s’est transformée en crachin et j’ai froid. Je file vers ce pays et cette culture qui me sont inconnus. J’ai peur, Je ne le sens pas du tout !

Mes seules références sont celles que je vois dans ces foutus films américains : je vais tout droit vers un pays de tarés où la moitié des habitants sont des mafieux psychopathes qui butent à tout va, entourés de putes sans morale. L’autre moitié parcours bras dessus bras dessous, les champs de blé, le râteau sur l’épaule en sifflotant du Tchaïkovski…sur fond de police corrompue et ivre de Vodka, prête à plumer (voir plus si affinités) l’imprudent touriste égaré sur ces terres !

Que voulez vous faire avec ça ?

Heureusement que j’ai pris le soin de me documenter sur Youtube. J’ai visionné des dizaines de compils sur la conduite en Russie : Je suis terrifié !

Le jour se lève doucement, j’ai un doute, Je ne veux plus y aller. La Turquie me tend les bras et je rêve de me retrouver sur la terrasse d’un café à déguster mon Cay.

Il me reste des Lires, assez pour rentrer. Je les ai gardé pour le printemps. Nous devons y aller en famille pour skier ce fameux Ararat.

Et puis non, c’est trop bête ! J’ai le visa. Si je ne continue pas, je m’interdis ce pays à jamais.

Je passe Gudauri, tout le massif est dans une épaisse couche nuageuse. Je m’arrête pour me couvrir, il fait 5°C. Un vent glacial vient du Nord, de la lointaine Russie. J’y vais vraiment à reculons.

Je fait un dernier plein à Stepantsminda, et avance dans la gorge qui suit. Le ciel va bientôt me tomber sur la tête.

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Voilà la Douane Géorgienne. Passage rapide, puis le no man’s land. Des bâtiments pointent au loin, le poste de frontière est neuf, j’aperçois les douaniers (corrompus, surement) qui vont me tailler en pièces…

Je sors mon plus beau sourire tout en m’apprêtant à passer la nuit ici, à me faire regretter de ne pas avoir succombé aux charmes d’un certain Grec rencontré sur une plage (faut suivre un peu pour comprendre, là).

Ben non ! J’ai droit à un “welcome in Russia“ des plus sincères. Ils se mettent en quatre pour me trouver un douanier qui baragouine anglais. Mon visa commence demain, je n’ai pas fait gaffe. Pas de soucis, ça marche quand même. La charmante dame qui s’occupe des papiers d’importation de la moto me donne un formulaire de trois pages en cyrillique.

J’éclate de rire « j’panne que dalle ! ».

Elle rigole à son tour et rempli le formulaire à ma place tout en pestant sur cette foutue carte grise que j’ai autant de mal qu’elle à déchiffrer. Toujours pas d‘assurance. Quand je demande un contrat en transit, c’est Niet ! Ok, pas grave, j’me suis habitué.

En un clin d’œil, me voilà en Russie… y sont cons ces Ricains !

Maintenant me voilà sur la route et j’ai droit à un épisode de « Oui-Oui en auto ». tout le monde respecte la réglementation, pas d’excès de vitesse, pas de queue de poisson, un réseau exemplaire et pas un papier gras dans les talus… y sont vraiment cons ces ricains !

Le temps s’améliore en m’éloignant des montagnes mais les températures restent…sibériennes.

Mon GPS est enfin opérationnel, mais peu de routes sont indiquées, je fonce en direction de Ростов-на-Дону (ça vous fait une belle jambe, hein !)

Le paysage est déroutant, de longues lignes droites bordées de champs quadrillés par des bocages. Je tente une sortie sur une piste. L’excellence des Karoo 3 dans la boue m’en dissuade rapidement…

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Je trouve un squat dans un boccage suffisamment éloigné de la route pour être discret et ne plus avoir de bruit.

Je m’endors rapidement, je suis en Russie…et c’est vachement cool !

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24/09  –  Tendre Russie

le soleil est revenu ce matin. La nuit à été fraiche et l’humidité ambiante à détrempé une bonne partie de mon matériel. Je plie le tout tel quel, je m’arrêterais plus tard pour faire sécher.

Le vent du nord est omniprésent et glacial.

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Je repart le long du bocage et remarque que je ne suis pas le seul à dormir ici. Deux voitures Russes sont stationnées, quelques tentes sont dressées sur le bord.

Je rejoins le goudron car les pistes sont encore bien boueuses et je ne me vois pas progresser là dessus.

Je traverse toujours le même paysage : des lignes droites interminables bordées de champs cultivées.  J’aurais bien continué le long du Caucase sur son versant Nord. Voir l’Elbrouz était un rêve. Le mauvais temps en a décidé autrement.

J’ai promis de ne pas m’attarder au retour, avec ce paysage monotone, je crois qu’il ne va pas falloir me forcer.

Je rejoins la frontière Ukrainienne en fin de matinée. Mon passage en Russie aura été vraiment très court.

Passage de la douane sans problèmes. Deux gars essayent de me gratter la place, ce qui met le chef en rogne. Je deviens l’hôte de marque et on me donne toutes les attentions à grand renfort de “Patrrrick“ dans un accent que eux seuls peuvent maitriser.

Me voilà rendu en Ukraine. Pas grand chose ne change, toujours ces lignes droites sans fin bordées de champs de tournesol. Petite pause thé dans une bourgade. L’occasion de prendre un solide casse croûte. Quelques curieux tournent autour de la moto, échanges de sourires, un pouce levé bien haut confirme que mon fidèle destrier est de premier choix !

Je croise quelques motards, le bras levé bien haut pour saluer. Un bonjour à l’Ukrainienne est quelque chose de fort. Le pilote mets tout son cœur. Pas un léger mouvement du poignet, geste mécanique qui à perdu toute signification dans nos contrées. Quand en France, je traîne en ville (rarement, tellement je n’aime pas ça) on ne me rend que trop peu mon salut. Ici, on ressent quelque chose de très sincère.

Je me pose plus loin dans les champs pour manger un bout de poisson séché, régal de l’Ukraine et faire sécher mon matos. Le vent est très fort, et en 20 minutes tout est sec.

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Je peux reprendre la route.

J’avance bon train, la circulation est faible et il y a peu de villages.

Bon, au bout d’un moment je me fais un peu chier quand même. Quand le paysage manque de reliefs, c’est très monotone.

Sur ma carte, la mer n’est pas loin. Je file sur une piste pour voir à quoi elle ressemble. C’est un comble, je fais le tour de cette mer noire que je n’ai encore jamais aperçu !

Un beau chemin en terre battue me permet de découvrir enfin la côte. Je jardine une bonne heure sur les pistes qui la longe histoire de me défouler un peu.

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J’en profite pour continuer sur les petites routes et traverser les villages aux maisons si colorées.

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J’arrive en vue de Маріуполь (Mariupol’ pour ceux qui comme moi, galèrent avec le cyrillique) les fumées douteuses qui se dégagent des usines me dissuadent de traîner dans le coin.

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Je roule encore un bon moment, la progression est pénible à cause de ce vent glacial qui souffle de travers. Je roule avec une gîte assez marquée et fais de grandes embardées au croisement des camions.

La nuit arrive, je fais quelques courses dans l’unique épicerie d’un village. Puis trouve rapidement un coin pour dormir. Le ciel est très menaçant, j’ai juste le temps de m’installer avant la radée.

Préparation du repas sous l’abside. Dehors les averses passent les unes après les autres, ça promet pour demain…

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25/09  –  Transnistrie, je te maudis

Ce matin, je me réveille sous une pluie battante. Je profite de la situation pour m’offrir une grasse mat’ en attendant la fin de l’averse. Malheureusement, au bout d’une heure, la pluie est toujours là et il faut bien se décider à lever le camp.  Exercice difficile que de plier le matos sans sortir de la tente, s’habiller, enfiler la combi de pluie. J’avais anticipé la veille, au vu du ciel très menaçant, et stocké la valise “camping” sous la tente.

Je me contorsionne dans tous les sens et finit par tout ranger au mieux. Je mets mon casque et me prépare à sortir pour ranger la tente, une affaire de cinq minutes.

A peine ai-je ouvert le zip que la pluie cesse… coup de bol, je fini de tout ranger à l’arrache et bondis sur la moto. Le sol est complètement détrempé et je galère pour rejoindre la piste. Je manque plusieurs fois de m’en mettre une et c’est à l’arraché que je la rejoins. Ma peine est loin d’être finie car la belle piste en terre battue de la veille s’est transformée en immonde bourbier. J’ai un bon kilomètre pour rejoindre le goudron et j’aimerais bien des petites roues sur le coté pour cet exercice. J’arrive en nage sur la route et couvert de boue de la tête au pieds. La pluie reviens de plus belle et pour une fois c’est une aubaine. Une heure plus tard, je suis entièrement décrotté.

Les nuages disparaissent d’un coup laissant place à un grand soleil qui peine à me réchauffer : ce putain de vent glacial commence à me les briser menu (s’cusez pour le langage, mais là j’en peux plus)

Je roule sur cette ligne droite interminable, des champs de tournesol à perte de vue. Je dépasse une semi dont la porte arrière bat sans arrêt, un gond a déjà lâché. Difficile de me caler à la hauteur de la cabine pour expliquer au chauffeur à grand renfort de geste et de klaxon la situation.  Il fini par ralentir, je pense qu’il a compris. Je m’arête plus loin pour photographier des tournesols en fleur. Me voilà à quatre pattes devant la moto en train de peaufiner mon cadrage quand un Lada s’arrête dans un grand crissement de pneus. Le conducteur saute de la voiture et court en ma direction… Gloups, il a pas l’air commode. J’ai comme l’impression que je vais passer un très mauvais moment.

Il se dresse devant moi. (Balèze le garçon)

–       You want help ?

Ouf, c’était juste pour ça ! Je lui fais comprendre qu’il n’y a pas de problèmes. Que je me suis juste arrêté pour les tournesols. Il me fait un discours fleuve, en Russe of course. J’arrive à comprendre qu’il a six motos chez lui ou peut être qu’il en est à sa sixième. Va savoir.

Il me donne une bonne poignée de mains, et me laisse à mes photos.

Je me remets à quatre pattes, l’oeil sur l’écran. Un énorme klaxon me fait sursauter, le routier de tout à l’heure qui me remercie, appel de phares et tout le toutim… mon cœur va finir par lâcher si ça continue.

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Je traverse une ville, le ciel redevient menaçant. Je décide de m’offrir une pause dans un café.

La déco est fantastique, c’est l’empire du kitsh. Un vrai bonbon rose.

La serveuse me pose un mug de thé et un petit bout de papier griffonné. Son numéro de tel ?

Ah non, chuis con. Il y a longtemps que ça ne m’arrive plus ! C’est simplement les codes d’accès au Wifi…

J’en profite pour prendre un peu des nouvelles et relever les mails. Il me faudra  une bonne heure, un autre thé et un excellent gâteau au chocolat pour répondre à tout. Le boulot me rattrape un peu trop vite à mon goût.

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Une fois débarrassé de tout ça, je reprends tranquillement la route. J’ai l’esprit léger, je culpabilisais de tout avoir laissé en plan. Ça fonctionne très bien sans moi et tant mieux !

J’en profite pour ralentir l’allure, prendre des photos. J’aime bien cette ambiance Ukrainienne. Les gens sont adorables, toujours le sourire et me souhaitent systématiquement la bienvenue.

Un marché au bord de la route, un abri bus aux couleurs des champs, le resto de la belle au bois dormant…

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J’arrive sur Odessa le midi. J’ai besoin d’un vrai repas. Je me trouve un routier 1er classe. Je m’attable et la serveuse m’apporte le menu et un petit papier… si c’est pas le code internet, je ne la rappelle pas celle là !

Devant mon incapacité à déchiffrer la carte en cyrillique,  je tente de lui expliquer en vain que je veux une assiette avec un truc à manger. Pas moyen, elle me bassine je ne sais quoi en Russe et refuse de me servir. Tout le personnel défile devant moi, tous me racontent leur vie, mais moi : j’ai faim !

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Puis arrive la première serveuse accompagnée d’un type qu’elle a trouvé dans la rue. Il parle anglais, Alléluia ! Je vais pouvoir manger à ma faim. Il me compose un menu aux petits oignons (c’est le cas de le dire)  me sert la main pour me dire en revoir et ajoute le traditionnel “welcome in Ukrainia”

Ils sont au top dans ce pays !

Me voilà parti bien repu. Je m’arrête près d’une casse moto pour prendre des photos, le proprio déboule et me jette de là. “Niet !” j’essaie de l’amadouer en lui faisant voir la BM, rien n’y fait. Dommage.

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Un petit coup d’oeil sur la carte pour chercher la suite. Le plus direct pour rentrer est à travers la Moldavie .OK, parfait j’y fonce !

Je traverse encore quelques beaux villages et rejoins la frontière la plus proche. Il est encore tôt et j’hésite à dormir par là. J’ai encore au moins deux heures de jour.

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Je me décide à passer la frontière et dormir après.

Passage ukrainien éclair, la suite se complique un peu. J’ai droit à un douanier pointilleux qui veut voir tous les medocs que je trimbale. Bien entendu, je n’ai pas les boites et je dois lui en expliquer l’usage. Quand on ne parle pas la même langue, c’est vachement compliqué ! Puis il regarde les différents tampons sur le passeport, me demande des explications à chacun d’entre eux… je ne vais pas m’en sortir !

Après il faut attendre je ne sais pas quoi. Je prends mon mal en patience, à ce petit jeu je ne suis pas le dernier ! Je sort une lingette, commence à nettoyer la bulle. Puis, comme il me regarde du coin de l’oeil sans broncher, j’entame la toilette intégrale de la moto. La nuit arrive, et c’est quand je sors mon réchaud pour me préparer un café qu’Il craque, me rend mon passeport avec un “Davaï” assez sec. Puis poste de police et rebelote. J’aurais peut être dût dormir en Ukraine, moi !

Alors que je suis en train d’astiquer les rayons de la moto (mon dieu que c’est long) un policier surgit de nul part et m’emmène dans un sombre bureau pour les papiers d’importation. Ils sont las, moi je suis resté cool avec un grand sourire. L’affaire est torché en un rien de temps, et allégé d’une vingtaine d’euros pour les frais de procédures (j’ai un reçu !) je repars dans la nuit.

Trouver un coin ici et à cette heure ne va pas être chose facile et pour arranger le tout il n’existe que deux routes sur mon gps et je ne suis pas dessus !

Je sort mon joker, les cartes russes dans mon téléphone et me voilà partit pour Chișinău.

Je roule une petite demi heure. Arrivé à un carrefour, je cherche mon chemin et aperçoit deux flics plus loin. Je leur demande mon chemin, et il me casse les couilles pour mon téléphone et ses cartes russes. J’éteins tout et repars bien saoulé… jusqu’ au check point suivant. Là c’est pas la même limonade : herses, char d’assaut sous les filets camouflage, gros chiens et Kalachnikov de partout. Je ne fais pas le malin ! On me dit de me garer à coté. J’obéis (pas bien le choix) et attends. Un long moment passe sans plus d’action. Pas de blèmes, je continue la toilette de la BM, elle n’aura jamais été aussi propre !

Un officier arrive. Costume impeccable, pas de sourire, une vrai caricature des films Ricains. Il récupère mes papiers et se barre avec… je continue mon ménage.

Arrive un autre, il me demande d’ou je viens et sourit dès que je lui dit “Fransa”  Ouf, c’est gagné. Il me sort ses 5 mots de vocabulaire en français, j’ai rien compris mais je le congratule chaleureusement : il est fier comme tout ! Du coup, il récupère mes papiers, remplis une quantité astronomique de fiches et “Davaï Patrrrrick”

Je file la queue entre les jambes, pour me retrouver devant un autre check point cent mètres plus loin… Arrrgh, je n’en peux plus.

Ça pue ! Je hais ce pays. La Roumanie n’est pas loin, pas question que je dorme ici. Il faut que je roule.

J’avance péniblement de contrôles en contrôles, et décide de sortir des grands axes. Ça marche il n’y a personne. Vers 23h, je traverse Chişinău, ne m’arrête plus quand un flic me tend son bâton lumineux. Je lui rend son salut et trace sans me retourner, ça à l’air de marcher.

Minuit, je suis raide. J’arrive à Nisporeni, tente de faire le plein mais le pompiste refuse les billets que je lui tends, pourtant je les ai changés contre de l’argent Ukrainien qui me restait à la frontière. Il me montre les siens qui n’ont rien à voir… Pays de Meeerde !

Pas de passage sur la frontière, je remonte au nord à une heure du mat’ les yeux carrément à coté des trous, le range à 0…

Une longue file de camion me confirme qu’il y a un passage vers la Roumanie, pourvu que la douane soit ouverte.

Je crame tout le monde, j’en ai plus rien à foutre. Le passage se déroule en douceur. Coups de tampon rapides, deux trois questions :

– Tu parles russe ?

– Niet !

– Tu vas où ?

– Je rentre à la maison, Fransa.

– Davaï !

Et me voici en Roumanie ou je fais juste voir la couverture de mon passeport pour passer en vitesse. C’est cool l’Europe.

Je me jette dans un champs trois bornes plus loin, je suis mort mais super heureux d’avoir quitté cette grosse embrouille de Moldavie !

Pour votre culture, cette histoire à une explication que j’ai naïvement découvert au retour, je vous la livre tel quel.

Voilà ce que notre charmant ministère en dit :

 Moldavie :

 D’une manière générale, il est préférable de ne pas arborer de bijoux ou montres de prix et déconseillé de porter de manière ostensible un appareil de photographie ou une caméra, sans être accompagné.

Il est recommandé de n’utiliser que les taxis professionnels ou, le cas échéant, de louer une voiture avec chauffeur.

Région de Transnistrie

Les voyages en Transnistrie (région sécessionniste, située à l’est de la Moldavie) sont formellement déconseillés, y compris les transits entre la Moldavie et l’Ukraine. Cette région, où la sécurité n’est pas assurée, est hors du contrôle du gouvernement moldave. Par conséquent, l’ambassade de France ne peut assurer l’assistance aux Français de passage en difficulté dans cette région. Il est fréquent que des voyageurs – pourtant en possession des documents appropriés – qui ont traversé la Transnistrie depuis la Moldavie ou l’Ukraine, signalent avoir rencontré des difficultés auprès des « gardes frontières » transnistriens (refus de passage, exigence de paiement d’une « amende »). Quelques rares cas de violences ont également été signalés. L’Ambassade de France n’a pas la possibilité d’intervenir lors d’incidents de ce type.

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 Oups…

 

26/09  –  Un pays comme je les aimes

La  nuit a été douce. Un bal ou un mariage se déroulait au loin et j’ai été bercé par de la musique tzigane pendant mon sommeil. Il est sept heures et la musique est toujours là. Ce doit être une sacrée fête !

Je m’extrais péniblement de mon bivouac situé au bord d’une vigne abandonnée. La journée d’hier me pèse encore.

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Je rejoins la ville de Laşi située juste un peu plus loin pour faire le plein, je suis limite panne sèche.

Ah, c’est pas l’Euro ici ? bon, ben je n’ai plus qu’à attendre l’ouverture d’une banque pour changer des ronds. C’est vraiment contraignant de changer de monnaie à chaque pays. J’ai oublié de le faire à la frontière, j’avais d’autres soucis en tête.

Une heure et demie plus tard, me voilà avec des Leu en poche et quelques roubles Transnistriens qu’on n’a pas voulu me changer…

Plein de la moto, VRAI petit déjeuner dans la station service (avec l’aventure de la veille, je n’avais rien avalé depuis le midi)

Et me voilà en train de tracer sur mes cartes une ligne droite pour traverser la Roumanie, je vois qu’il faut passer par les Carpates : cool, des montagnes !

La Roumanie c’est… différent. Des carrioles attelées en permanence, des maisons charmantes qui rivalisent de décoration sur les toitures, un relief bien agréable et des églises ou monastères de partout.

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Ici, on respecte le code de la route. Il faut dire aussi que je croise une voiture de police avec radar à chaque entrée d’agglomération. Le peu de motards que je croise me rendent mon salut (à l’Ukrainienne, je l’ai adopté) en me disant d’aller doucement. C’est limité à 50 km/h dans les villages et comme ils s’enchaînent les uns après les autres, la moyenne en prend un sacré coup.

Je remonte une belle vallée. Ici, le temps s’est arrêté !

Tout est beau, j’adore ce paysage. Je suis tout le temps en train de m’arrêter, tout est prétexte à faire une photo.

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Casse croute dans un petit bar, le plat commandé au hasard sur la carte est excellent. Un viande en sauce accompagnée de haricots, miam !

De beaux gâteaux me font les yeux doux sur le comptoir, je n’y résiste pas. J’ai perdu quelques kilos depuis le départ, c’est le moment de commencer à me remplumer, et puis ça me fait une bonne excuse.

Je gravis un col. Dans un lacet, des objets saugrenus me rabattent sur le bas coté. A la sortie de la courbe suivante, une semi remorque s’est reversée. Le contenu de légumes s’est déversé sur la chaussée. Une équipe est en train d’en sauver un maximum et le transfère dans un petit camion. Je m’arrêterais bien faire des photos mais ce serait indécent de ma part.

Je passe le col, prend une petite piste sur le coté, un ruisseau courre le long d’un talweg. J’en profite pour faire une bonne lessive et sécher mes affaires. Le coin est paradisiaque. Dommage qu’il soit si tôt, c’est le bivouac parfait.

Un peu plus loin, je m’engage dans une route de traverse en pavé. Un panneau indique un circuit en boucle. J’en parcours une dizaine de kilomètre “pour voir”. C’est magnifique !

Je repars sur mes pas, je reviendrais un jour, c’est juré. Le terrain est idéal pour un raid en VTT.

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Je finis la traversée de ce massif avec une grosse banane derrière le casque, il y a longtemps que je n’avais pas traversé de pareil paysage.

Dans un village, tout le monde vend des skis au bord de la route, il doit y avoir une station dans les parages.

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Je roule encore pas mal et me pose dans une colline assez tôt, j’ai des heures de sommeil à rattraper…

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27/09  –  ABS, je te chéris

Que j’ai bien dormi ! Je me sens d’attaque pour une bonne journée.

Je rejoins la plaine et trace en direction de la Hongrie. Un dernier plein avant la frontière,  l’occasion d’avaler un bon petit dèj. Et me voilà en un clin d’œil de l’autre coté. La conduite a radicalement changé. Les hongrois ont dût passer leur permis en Géorgie ! ça roule très vite sur les nationales, je me retrouve souvent à 120 km/h juste en restant dans le flux du trafic. Ça m’arrange, je suis à nouveau dans des plaines et le paysage est très monotone. Je vais pouvoir avancer un max, si je pouvais arriver dans le WE, ce serait bien.

Je m’accommode de cette conduite “garçon”  mais elle me demande énormément de concentration.

En fin de matinée, calé sur un bon 110, je dépasse une file de voiture qui traîne derrière un camion. La distraction du moment, la fatigue accumulée ou je ne sais quoi fait que je m’aperçois très tard qu’il a pilé. C’est crispé sur la poignée de frein (reflex de nul), que je me vois arriver à vive allure sur son pare choc.

J’ai le temps de sentir l’adhérence douteuse des Karoo, j’ai l’impression que plus rien ne peut arrêter la moto et que le voyage va se finir en piéton…  Monsieur Bosch et son ABS de génie prend le relais de la situation et me stoppe à quelques centimètres du camion. J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter !

Vingt minutes après j’en tremble encore, je ne suis pas passé loin de la cata. J’ai bien diminué l’allure et me fait doubler en permanence : allez y les gars, chuis plus trop pressé.

A l’entrée d’un village, un flic aux jumelles. Oups, je crois que j’y ai droit. Ah, non ?

Trop classe, je me suis fait avoir ! C’est juste une silhouette en pancarte. Je reviens en arrière pour le prendre en photo.

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Je traverse le pays en un rien de temps. La suite logique est à travers la Slovénie, puis Croatie pour rejoindre l’Italie. J’en ai marre de changer des thunes à chaque fois. C’est toujours une galère et une perte de temps.

Je choisis de passer par l’Autriche et de rentrer par les dolomites, histoire d’en profiter jusqu’au bout. Je prends un bout d’autoroute pour contourner Budapest. Les gens y roulent à 110 Km/h, je ne comprends pas la logique routière de ce pays…

J’arrive à la frontière en milieu d’après midi. Content de retrouver l’Euro, un peu moins de retrouver le coût de la vie Autrichienne.

Je remonte de longues vallées boisées, c’est une vraie carte postale. En prenant de l’altitude la température baisse nettement,  je me caille un peu. Pause café sur une autoroute, quelques personnes viennent discuter moto. Ils me demandent d’où de viens : Gèorgia, of course !

J’ai droit illico à une séance photo à coté de ma machine, ils me quittent avec plein de rêve dans les yeux.

Il est tard, j’ai envie d’une bonne douche. J’ai zappé ça depuis un bon moment, le froid aidant je n’en n’ai pas ressenti de gène. Mais là, ça colle un peut comme on dit !

La météo est moyenne, un bel hôtel dans un style inimitable me fait du charme. Je n’y résiste pas !

28/09  –  Ca sent l’écurie

Je suis retapé à neuf  et délesté d’une coquette somme mais j’en avais réellement besoin.

Il fait beau, je n’ai pas envie de rentrer direct par l’autoroute. Je veux finir en beauté et en tapotant sur le gps je vois que le passo di stelvio n’est pas si loin. Ça fait un détour, ça ne roule surement pas bien mais c’est l’occasion de faire ce col dont tout le monde parle.

Je rentre ma route dans le gps et c’est partit…

Je retrouve mes sensations. Le revêtement est excellent et les courbes de montagne restent mon terrain de prédilection. Je croise énormément de motard, le salut n’a pas la même saveur qu’en Ukraine.

Passo Giovo pour se mettre en appétit, Sublime !

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Arrêt pizza à Meran et j’enchaîne la SS38 pour rejoindre le passo stelvio.

Deux Allemand me doublent au départ du col, un GS 650 et une Adventure, même pas de bonjour ! Grosse montée de testostérone et me voilà en plein arsouille derrière eux. Les lacets sont dessinés “ à l’italienne ”, très serré en en fort dénivelé. Le pilote de la 650 manque de s’en mettre une à la première courbe (il faut dire que je l’agace sournoisement juste derrière). J’en profite lâchement pour lui faire l’extérieur et l’enrhumer avec sa mobylette.

Celui de l’Adventure me donne du fil à retordre, il manie bien sa machine et mon chargement m’handicape sur les bouts de droit. Je ne peux le poser que dans les courbes et en combinant le frein arrière et juste assez de gaz, je l’atomise sur le lacet suivant. En deux minutes, je peine à voir la pointe de son casque dans les rétros…Aujourd’hui, il en pleure surement encore.

Ce qu’on peut être con des fois !

Une fois mon honneur rétablis, j’en profite pour admirer ce superbe coin.  Je comprend l’engouement des motards pour ce col.

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Longue descente sur Milan. il est tard, je n’ai pas le courage de dormir par là et je suis  impatient de revoir les miens, je trace la route.

En remontant sur Suze, j’ai envie d’un petit bonus et passe par le Montgenèvre et le Galibier. C’est mon terrain de jeux, je les connais par cœur. Il est 23h30, j’arrive chez moi après cette étape marathon de 950 kms à travers les cols alpins.

Le voyage s’achève ici et c’était une sacrée balade !

7 commentaires pour Tour de la Mer Noire

  1. Très chouette récit, bien vivant..on suit aisément le récit et l’on est pris par l’aventure!!….Lorsque tu as traversé Marioupol (viile industrelle précises-tu) sache que ton arrière grand’père maternel a vécu dans cette ville pendant 6 ans…avec sa famille (femme+ 3 enfants et un 4 ème est né en 1899.) Il était » ingénieur en pont-levis » et travaillait pour le Tsar Nicolas II;

  2. alex dit :

    Merci pour m’avoir fait partager ton aventure bécanne…
    Bien écrit, ….du vrai san antonio ! bravo
    je pense faire un peu le meme tour avec ma 800gs F BMW. Bientot…
    Amicalement
    Alex

  3. Pierre dit :

    Merci pour votre récit plein d’enthousiasme et d’authenticité, que j’ai lu d’une traite ! Pierre

  4. Benoit dit :

    Super récit ! Étant motard et alpiniste je me suis retrouvé dans certaines la chez .

    Voilà un moment que je réfléchi à mon prochain trip moto.
    Peux-tu me dire quel est pour toi l’autonomie (carburant) mini en kms sur ton parcours ?

    Merci d’avance.
    Benoit , Auvergniste FFME.

    • Kataventure dit :

      salut benoit, l’autonomie n’est jamais un problème sur ce genre de trip. tu suis des routes (même si elles n’ont pas de goudron) et comme partout ailleurs, il y a suffisamment de pompes pour ravitailler les locaux qui les pratiquent. j’ai trainé un jerrican de 10 L que je n’ai jamais utilisé (il était vide de toutes façons) et les 350 kms d’autonomie étaient largement suffisant. juste faire attention à systématiquement faire le plein à mi-reservoir, car à force d’attendre, on se fait avoir comme chez nous…
      bon trip

  5. Michel Verpeaux dit :

    Ce récit est très bien écrit,long mais nullement fastidueux.J’habite moi-même à Istanbul depuis 25 ans et je rejoins rejoins une fois par an Nice par la route.Trajet effectué en voiture mais aussi en moto (vfr 800 vtec)et ton récit m’a donné envie de m’attaquer au tour de la mer noire (reste à persuader ma femme qui depuis peu préfère la voiture à la moto!À moins que je préfère faire un tour en Iran,je n’ai pas encore décidé!!!Si d’aventure tu passais de nouveau à Istanbul:buyurun!Ce qui veut dire que tu es le bienvenu.Encore merci pour ce journal de voyage qui est vraiment très agréable à lire.

  6. bardis dit :

    Et bien, voilà un bon stimulant aussi pour moi dans mon projet de tour de la mer noire en octobre … reste la problématique du climat ! Merci pour ces belles pages.

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